Qui a peur du grand méchant loup? La bête prend pour chacune un visage différent.
Le grand méchant loup que moi, l’écrivaine, je dois déjouer, c’est mon critique intérieur, celui qui m’instille le doute en ronchonnant que je perds mon temps, que je ne réussirai jamais à revenir à une pratique quotidienne d’écriture et à finir le roman, que de toute façon je n’ai rien d’intéressant à écrire…
Quand je n’écris pas, je traduis (ou je révise les traductions d’autres langagières et langagiers).
Or, que fait la traductrice quand elle doute? Elle consulte, pardi!
La traductrice consulte ses dictionnaires (électroniques ou non), son fichier, ses grammaires, les classiques, les revues sérieuses, etc. L’écrivaine consulte ses dictionnaires (électroniques ou non), son plan, ses grammaires, les classiques, les guides de tous acabits sur le roman ou la créativité, etc.
J’en oublie la sagesse acquise au fil de longues et riches années de lecture, de travail et de vie.
Il y a un temps pour douter, c’est-à-dire pour puiser au savoir et à la sagesse d’autrui; mais il faut savoir reconnaître quand vient le temps d’agir, de plonger dans la mer des mots sans bouée… Quitte à boire la tasse!
Il ne me reste que quelques pages à écrire pour terminer le brouillon de La Roseraie des Transformeurs. Je ne trouverai nulle part ailleurs qu’en moi les ressources nécessaires pour mener le projet à terme.
Nina Killham écrit dans son blogue :
[traduction]
« Tous ces livres sur l’art d’écrire, ils sont comme les manuels de puériculture.
Ils se contredisent les uns les autres.
Alors, aussi bien les ignorer, et suivre votre instinct.
Surtout, n’oubliez pas l’amour.
C’est l’ingrédient principal — non, essentiel. »
Gravure ci-dessus : « En passant dans un bois, elle rencontra compère le Loup » par Gustave Doré, dans les Contes de Perrault, Paris, 1867 (gallica.bnf.fr).
Je viens de découvrir votre blogue. J’y reviendrai! Vos textes m’interpellent.
Merci Caroline.
[…] D’où vient l’autocensure? Je crois qu’elle est une conséquence directe du doute, qui est lui-même étroitement apparenté à la peur. Et la peur? Oh, la peur… […]