Vous lisez des livrels ou utilisez un iPhone? Ne manquez pas l’article fort intéressant d’Alain Beuve-Méry publié dans Le Monde et repris sur Envie d’écrire : « Avec Apple, tout le monde paie ».
Je ne possède pas de liseuse électronique, ni de téléphone intelligent. C’est comme autrice que je m’intéresse aux livrels, qui m’amènent à me poser beaucoup de questions sur l’évolution du livre et de l’industrie de l’édition. Par exemple :
1. À long terme, quelle influence le livrel aura-t-il sur le format et la structure des livres?
Un paragraphe s’étirant sur deux ou trois pages, on en trouve beaucoup dans le roman proustien. Ça ne se fait plus! Sur le Web, les paragraphes doivent compter au plus quelques lignes, sinon les lectrices se lassent. Dans un microbillet de Twitter, une idée se trouve résumée en deux lignes. Et que dire du phénomène des « textos-feuilletons » (les romans SMS ou, en anglais, les mobile phone novels), ces romans écrits et diffusés de manière séquentielle sur les téléphones cellulaires?
2. Créatrices et créateurs continueront-ils à recevoir une juste compensation pour leur travail?
Apple entend prélever 30 % sur toutes les ventes dans sa librairie numérique, le iBookstore. C’est un intervenant de plus dans la chaîne du livre, et chaque intervenant veut bien sûr sa part du gâteau! En fin de compte, que restera-t-il pour les autrices et auteurs? La question apparaît particulièrement pertinente à la lumière du projet de loi c-32, fort critiqué par l’ensemble du milieu culturel parce qu’il menace le droit d’auteur — droit sur lequel repose justement notre compensation.
3. La diffusion du livre passe de moins en moins par les librairies. Comment les bons livres trouveront-ils demain leur public et vice-versa?
À l’automne, Éric Simard commentait le phénomène de la démocratisation du livre et ses conséquences pour la littérature (Chacun son métier #10). Les médias grand public font de moins en moins de place au livre, mais de nouvelles vitrines apparaissent. Parmi ces nouvelles vitrines, il y a les blogues de passionnées et passionnés de lecture. La qualité varie beaucoup de l’un à l’autre, mais l’entrain qui les anime est rafraîchissant. Encore faut-il les trouver, ces vitrines, dans les méandres d’Internet!