Je m’en confesse : l’automne me plonge dans un état bileux. La chute des feuilles fait chuter mon moral. Car l’automne, c’est tout le temps qu’il me reste pour une dernière inspiration avec d’être enterrée vivante sous la neige.

Sylvain Trudel, dans le magnifique et décapant Du mercure sous la langue, dépeint les saisons comme je les vis :

[…] le printemps est un enfant qui rêve et se croit un nuage, c’est une faveur; et l’automne, avec ses heures de mélancolie, ressemble à nos souvenirs; et l’été est une pensée émue qu’on a pour le monde, une lumière qui nous prend et nous élève; mais seul l’hiver a un poids, l’hiver est épouvantablement lourd et nous écrase un peu plus chaque année, comme s’il voulait nous tuer.

La mélancolie conduit parfois à l’apitoiement, lequel est une maladie très grave. Je la combats donc vigoureusement. Je pratique un optimisme intransigeant; je me force à voir le bon côté des choses, étant donné que la vie sourit davantage à qui ne passe pas ses journées à bouder…

Voilà sans doute pourquoi j’ai tant apprécié le verdict de François Barcelo quant à l’avenir de la langue française. J’y ai vu un pied de nez aux agrès qui feraient de notre langue un patient moribond.

État de la langue

En effet, interrogé par Le Délivré plus tôt ce mois-ci, Barcelo a répondu que l’avenir du français en Amérique du Nord s’améliore (il dit au Québec, mais je me permets d’élargir en espérant qu’il ne m’en tiendra pas rigueur). Il voit en outre d’un bon œil la multiplication des supports littéraires :

[…] la multiplicité des formes est essentielle à la multiplicité des lecteurs.

Il y a tellement de prophètes de malheur. Il faut bien le colporter quand quelqu’un ose envisager l’avenir sous des ciels bleus. D’ailleurs, j’en profite pour mentionner au passage que, selon les plus récentes données de l’OCDE, les jeunes seraient un peu plus nombreux à goûter les plaisirs de la lecture. Bien sûr, ils et elles lisent notamment en ligne.

État du blogue

À ma grande surprise, je passe moi-même un temps considérable à lire en ligne maintenant. Et bien sûr, j’y écris aussi. J’ai fait mon entrée dans la blogosphère en mars 2006 (j’ai blogué pendant plusieurs années sur Haut et Fort avant d’aboutir ici). Depuis, je me suis régulièrement interrogée sur mon blogage — sur le contenu et le style du blogue, son auditoire, sa place par rapport à mes autres activités d’écriture, etc. Si j’en mesurais le succès uniquement en fonction de l’achalandage, j’aurais depuis longtemps laissé tomber. Je considère toutefois que les liens créés grâce à ce blogue sont plus importants que le seul achalandage.

Un article publié en août sur Salon double mettait en lumière le côté éminemment social des blogues, « à cheval sur deux traditions littéraires, l’oralité et l’écriture ». Il les compare, comme je l’avais fait, aux salons de jadis.

Pour moi, la blogosphère est loin d’être, comme certains le prétendent, « une suite sans fin de confessions ». Elle est tantôt un lieu de partage, d’analyse, d’information et de critique, tantôt un lieu de création, d’expérimentation et de plaisir.

État de compte

Certes, il faut bien gagner sa croûte et son beurre. La blogosphère peut-être aussi, pour autrices et auteurs, une source de revenus. Je ne vais pas me lancer dans un exposé sur la place de la publicité et les diverses méthodes de monétisation des blogues. Je veux toutefois parler de ce qui semble une nouvelle tendance sur les blogues d’autrices et d’auteurs : le don ou le pourboire littéraire. Vous connaissez la pratique?

Je ne sais pas pourquoi, j’ai ressenti une sorte de malaise la première fois que j’ai atterri sur un site invitant visiteurs et visiteuses à laisser un pourboire. Dominic Bellavance explique pourtant très bien le raisonnement derrière le bouton « Verser un pourboire » sur son site.

Moi, j’adopterais une approche différente, je crois. J’imagine une petite annonce :

Je divague? Peut-être. Les gens s’achètent bien des étoiles, pourquoi pas des personnages?

Photo : © Sophie Imbeault, 2010. Visitez son magnifique photo-carnet.

Catégorie:
Citations, La voie de l'écriture
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  1. […] dans tous les états », je suggérais avec une pointe d’humour une nouvelle forme de mécénat littéraire. Qu’elle n’a pas été ma surprise quand je suis tombée sur des autrices et auteurs […]

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