Lisez-vous en mangeant? Ne trouvez-vous pas frustrant de perdre votre page quand vous avez dû momentanément laisser le livre pour découper quelques bouchées dans vos œufs à la florentine (vos crêpes farcies aux asperges, votre spanakopita ou le spécial du jour)? Ma Kobo reste ouverte là où je la pose.
Une autre caractéristique que j’aime beaucoup : la possibilité de choisir la police et la taille des caractères (une bénédiction pour les yeux vieillissants!).
Beaucoup de classiques peuvent être téléchargés gratuitement. J’ai déjà mentionné le site Livres pour tous. On en trouve aussi sur www.gutenberg.ca. C’est vrai que l’offre de livres contemporains est encore limitée en français, mais elle croît de jour en jour. Sur les dix-huit titres que La Presse mentionnait dans son récent article sur la rentrée littéraire 2011 au Québec, cinq sont disponibles en format numérique (PDF ou ePub) sur le site Web de Renaud-Bray ou d’Archambault en date d’aujourd’hui. Je parie que, l’année prochaine, la majorité le sera. Car les éditeurs sont bien conscients de l’enjeu. À preuve, la petite maison d’édition ottavienne L’Interligne prévoit bientôt offrir ses titres en téléchargement dans sa cyberboutique.
Dans les points négatifs, j’ai déjà mentionné que le dictionnaire intégré de ma liseuse n’est pas encore disponible en français. J’ai d’ailleurs écrit à Kobo à ce sujet. La réponse a tardé à venir (huit jours), mais on m’a confirmé qu’une version française sera bientôt offerte (de même que des versions espagnole, italienne et néerlandaise). La langue du dictionnaire sera liée à celle du livre en cours de lecture, m’a-t-on indiqué.
Autre point négatif : le manque de précision dans la fonction de surlignage. En effet, il me faut parfois plusieurs tentatives avant de positionner exactement là où je le souhaite les marqueurs qui déterminent où commence et où finit le surlignement.
Toutefois, dans l’ensemble, je reste extrêmement satisfaite de ma liseuse Kobo, et je commence à penser que, peut-être, mes rayonnages actuels seront suffisants en fin de compte. Dans un avenir pas si lointain, les livrels deviendront la norme et les livres imprimés, des objets d’art qu’on s’offrira à l’occasion seulement.
Une question continue cependant de m’habiter. Comment la dématérialisation (même partielle) de ma bibliothèque modifiera-t-elle mon rapport aux livres? Je n’en suis pas certaine. J’achète déjà toute ma musique en format numérique depuis quelque temps, mais ça ne m’empêche pas de m’ennuyer des pochettes d’albums, sur lesquelles on trouvait les paroles des chansons, des photos, etc.
François Bon, dans son essai Après le livre parle de l’« épaisseur » du livre.
Le livre imprimé est lié à sa manipulation : ses salissures même ont une histoire, son jaunissement c’est le carbone 14 de sa présence dans votre bibliothèque. […] Qu’il ait subi une pluie ou la plage, une couverture déchirée, la tranche gondolée seront encore pour nous l’écriture dans le livre imprimé – l’histoire même de sa lecture, des prêts, des relectures […] L’espace vertical de l’épaisseur du livre devient donc l’espace vertical de la navigation dans la machine, mais mental et non plus gestuel.
Déjà, les numéros de page ne veulent plus rien dire dans un livrel en format ePub (pas plus que dans un rapport publié sur Internet en format HTML). Qui sait, d’ici peu, on remplacera peut-être la pagination par une numérotation de type biblique, reposant sur chapitres et versets?
Une question continue de m’habiter, disais-je? Plusieurs, en fait. La mutation amorcée est inexorable. Bien maline qui peut prédire comment elle transformera notre culture, comment elle nous transformera. N’est-ce pas excitant?
Je vais suivre l’évolution des liseuses parallèlement à l’offre des bibliothèques (tu as parlé de celle d’Ottawa, donc il en est question par là aussi), parce que je n’ai plus les moyens de m’acheter autant de livres (papier ou numérique) qu’à 30 ans quand j’avais un salaire hebdomadaire.
[…] parlé précédemment du site Rue des libraires et de la bibliothèque du projet Gutenberg. Des éditeurs ont leur propre cyberboutique où ils proposent la version numérique de leurs […]
Je regrette personnellement que les liseuses ne puissent pas lire tous les formats, et soient donc encore d’une utilisation limitée. Quant aux DRM qui ne vous permettent pas de lire un texte dont vous avez acheté les droits de votre liseuse à votre ordinateur …
cordialement