Vous croyez que j’ai commis une faute d’accord? Mon correcteur orthographique aussi. En fait, j’ai appliqué une ancienne règle du français, une règle qui pourrait bien ressusciter.
Femmes effacées, c’est assez!
Quand j’ai écrit Autrice, plaît-il?, je ne me doutais pas que, des mois plus tard, ce billet continuerait à figurer parmi les plus populaires sur ce blogue.
Mon choix, très peu « discret », en a surpris plusieurs.
Car, on tend à préférer les féminins qui ne se prononcent pas (comme entrepreneure, auteure, chercheure, etc.). Pourquoi? De chaude lutte, les femmes ont gagné le droit de voter et investi des carrières précédemment réservées aux hommes. Toutefois, on est encore loin de la pleine égalité dans les faits. Et être égales, ça commence par montrer notre présence et la faire entendre.
Bien sûr, jusqu’à tout récemment, on enseignait aux femmes à rester modestes, effacées. Nous devions œuvrer dans l’ombre. On nous serinait que derrière chaque grand homme se trouvait une grande femme. Ce temps-là, il a fait son temps…
À l’assaut du sexisme dans la langue
Les Canadiennes et les Québécoises ont fait figure de chefs de file dans le combat pour la féminisation des titres de fonctions, visant à rendre compte de la présence des femmes. Voilà enfin que les Françaises se réveillent et montent aussi à l’assaut du sexisme dans la langue.
En effet, il y a quelques jours, je suis tombée sur une pétition qui demande la réinstauration de l’accord de proximité. C’est-à-dire que l’on pourrait écrire en toute impunité :
Que les hommes et les femmes soient belles!
La règle actuelle voudrait qu’on écrive plutôt « Que les hommes et les femmes soient beaux! ». En fait, si on suit les recommandations de l’Office québécois de la langue française, on écrirait « Que les femmes et les hommes soient beaux! ». Le recours à l’accord de proximité permettrait cependant d’éviter les cas aberrants comme celui qui suit, où, bien qu’on soit en présence d’une majorité de femmes, le bon usage appelle actuellement l’accord au masculin :
Une mère, son fils et sa fille sont entrés dans la boutique.
Le projet est appuyé par la linguiste Josette Rey-Debove, codirectrice
des dictionnaires le Robert. C’est vous dire sa crédibilité!
J’ai piqué votre curiosité? Vous trouverez plus d’information sur le site http://www.legalite.org/. J’attire en particulier votre attention sur l’entrevue avec Clara Domingues, intitulée « Les femmes sont les invisibles de la langue (mais ça peut changer) », et celle avec Claudine Legardinier, intitulée « Le capitalisme est le serviteur le plus zélé du patriarcat ».