Au hasard de mes butinages internautiques, je suis tombée sur cet entrefilet : « Les prix littéraires, palme d’or du sexisme ». C’est Babelio, un réseau social pour bibliophiles, qui fait le constat. Les prix québécois et canadiens sont exclus de son analyse. Sommes-nous moins sexistes?
Cette année, six des quatorze prix littéraires décernés par le gouverneur général ont honoré des femmes. Le Prix des lecteurs de Radio-Canada, devenu un prix national en 2007, compte plus de lauréates que de lauréats. Le Giller, plus haute reconnaissance littéraire décernée aux œuvres de langue anglaise au Canada, et le Prix Athanase-David, décerné par le gouvernement du Québec, ont été décernés à plus d’hommes que de femmes; toutefois, ils montrent une forte tendance à la parité, surtout depuis le tournant du millénaire.
Cinq livres pour une île déserte
Les utilisatrices et utilisateurs de Babelio sont invités à indiquer dans leur profil quels sont les cinq livres qu’ils voudraient emporter avec eux sur une île déserte. Or, à bien y songer, pourquoi s’obligerait-on à faire aujourd’hui un choix aussi déchirant? Il suffit d’une liseuse et d’un chargeur solaire pour pouvoir emporter avec soi un millier de livres sans surcharger son baluchon.
Je prépare en ce moment ma chronique printanière pour À bon verre, bonne table. Un des titres que j’ai retenus est disponible en version numérique (format ePub), et j’ai demandé à le recevoir sous cette forme plutôt que sur le traditionnel papier. Une première, selon l’attachée de presse. Une première pour moi aussi à vrai dire! Puisque la liseuse Kobo permet de surligner et, depuis peu, d’annoter*, la préparation de ma chronique devrait s’en trouver simplifiée.
Querelle d’anciens et de modernes
Je possède un téléviseur et je suis abonnée au câble. Pour certaines personnes que je fréquente, cela tient du sacrilège. Mais après une journée de révision (mon métier alimentaire), mes neurones surchauffés apprécient une petite récréation télévisuelle.
Samedi matin, j’ai reçu la visite d’un technicien de la compagnie de câble, dépêché chez moi pour diagnostiquer un problème de son sporadique sur certaines chaînes. Le jeune homme est diplômé de littérature anglaise. Je lui ai parlé bouquins et lui ai demandé s’il lisait sur papier ou préférait les livrels. Il a répondu que le numérique était une création abjecte.
Il m’a servi des arguments ressemblant étrangement à ceux de Frédéric Beigbeder, qui qualifie d’apocalypse l’avènement du livre numérique. Une belle querelle d’anciens et de modernes, dans laquelle les modernes ne sont pas toujours ceux qu’on imagine! Comme François Bon, je pense que le changement est irréversible, et j’ai choisi d’y participer plutôt que de le subir. Les autrices et auteurs qui refusent catégoriquement la technologie se coupent d’un lectorat potentiel. Comme le dit M. Bon :
[…] pour les étudiants [et les étudiantes] d’aujourd’hui, le rapport à la langue, mais aussi l’écart, la beauté, le silence, passent forcément par l’ordinateur. Pour les sortir de Facebook, pour les amener à réfléchir, il faut aller là où ils sont.
La FNAC (Fédération nationale d’achats des cadres, une chaîne de magasins française spécialisée dans la distribution de produits culturels) a, de toute évidence, saisi l’enjeu. Elle s’apprête à lancer sa liseuse Kobo et promet un catalogue de 200 000 titres en français. Voilà une excellente nouvelle pour le lectorat numérique francophone.
* Une petite précision s’impose : les fonctions de surlignement et d’annotation ne sont pas disponibles dans tous les fichiers ePub. En fait, jusqu’ici, seuls les livres que j’ai acquis dans la boutique Kobo m’ont permis de surligner ou d’annoter.
[…] Voir aussi : Pourquoi lire? et L’ancien et le nouveau. […]