Deux mille douze a encore un parfum de nouveauté. La chatte Leeloo ronronne sur mes cuisses. Je songe à tous les billets écrits au cours de la dernière année, à ceux que j’écrirai au cours des mois à venir. Léon Mazzella surnomme son blogue le « chien », parce que, comme un chien, il exige d’être nourri assidûment.
Au menu de mon blogue, il y a eu de la poésie, des citations, des réflexions sur l’écriture et la langue, quelques envolées sociophilosophiques… Le bilan? Vous avez particulièrement aimé « Ma Kobo et moi [1] », consacré au livrel; toutefois, « Autrice, plaît-il » et « Alchimie » restent parmi vos billets favoris. Ce dernier est aussi l’un de mes préférés, et Marcus McAllister m’a bien inspirée : en 2011, la couleur a côtoyé régulièrement les mots dans les pages de mon journal, où j’ai fait preuve d’une liberté croissante.
Impulser un nouvel élan
Pourquoi sommes-nous tant friandes de bilans et de rétrospectives, y avez-vous déjà songé? Je pense qu’ils peuvent impulser un nouvel élan, voire réveiller comme une gifle les endormies. Le commentaire publié par Mme Bombardier dans Le Devoir du 7 janvier fait, assurément, l’effet d’une gifle. Elle brosse un sombre portrait du présent et de ses « déchaînements haineux qui entraînent les hommes vers la régression, donc vers un nouvel esclavage », mais voit quand même poindre l’espoir :
En 2012, quelles sont les forces vives de la nation, comme on les désignait jadis? Des jeunes qui échappent aux modes. Des jeunes studieux, affirmés dans leurs convictions, plus ouverts aux autres sans tomber dans le relativisme […] Ce sont aussi les gens qui refusent de vivre en adhérant à une conception simpliste de la politique, des rapports sociaux, qui doutent des vertus des extrémismes […]
Après le réveil, encore faut-il se lever, s’habiller, mettre un pied devant l’autre et, pas à pas, avancer. Il faut donner suite à nos rébellions, à nos idées, à nos rêves et à nos ambitions.
Un moine défricheur au Far West du livrel
Je vous ai souvent parlé du livrel au cours de 2011, et sans doute vous en reparlerai-je en 2012. On ne peut pas écrire aujourd’hui sans s’interroger sur le livrel et son impact sur notre façon de lire. François Bon résume bien :
[…] le numérique a été d’abord un exil ou un contre-territoire, il en est maintenant le territoire même, non par compensation ou revanche, mais simplement parce que tous les usages, musique, sciences, image, la presse même, se sont établies [sic] sur ce territoire.
Par son travail de publication et de transposition, M. Bon fait figure de moine défricheur dans le Far West du livrel. Il vient de publier sur Le Tiers livre un article touffu, mais ô combien intéressant, dans lequel il tente une définition du livre numérique. Je partage son point de vue :
[…] une fois que ces bêtes-là [les liseuses] sont dans votre environnement, vous avez du mal à revenir en arrière vers le papier.
Pour le lectorat francophone, l’offre limitée reste cependant une source de frustration, d’autant que ce qui est disponible en France ne l’est pas forcément de ce côté de l’Atlantique (et il est impossible de télécharger sur le site de la Fnac quand on habite au Canada). Les luttes des minorités linguistiques seront-elles à recommencer dans le cyberespace, supposément sans frontières?