Dans son Journal d’un écrivain en pyjama, Dany Laferrière explique :

[…] écrire n’est pas une opération qu’on peut entreprendre de manière désinvolte. Quand on a porté une histoire trop longtemps en soi, on sent monter la fièvre au moment d’écrire. On doit alors se tempérer afin de dégager un espace pour pouvoir travailler dans le calme. Si García Márquez a pu écrire Cent ans de solitude, c’est parce que sa femme s’est occupée de tout ce qui concerne la vie quotidienne.

Est-ce qu’un homme accepterait aussi facilement de s’occuper « de tout ce qui concerne la vie quotidienne » pour que sa femme puisse écrire? J’en doute. J’ai peut-être trop vu de films sur la vie d’artistes malmenées par leur conjoint ou amant : Camille Claudel, Sylvia Plath, Frida Kahlo.

La fièvre est là, oh! elle me dévore. Pourtant, même la tête brûlante, je dois continuer de conjuguer l’écriture avec le reste : responsabilités professionnelles, corvées ménagères, etc. Pour ne pas perdre le fil de l’histoire et ne pas confondre mes personnages, je multiplie les diagrammes, les plans, les fiches.

Si un jour, suivant l’exemple de Laferrière, j’écris mon « Journal d’une écrivaine », une chemise aux manches retroussées remplacera le pyjama.

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Écrire c'est, Citations, La voie de l'écriture
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Joindre la conversation 5 commentaires

  1. J’en suis souvent là moi aussi. Même si parfois, c’est moi-même qui repousse ce qui devrait pourtant être prioritaire. Encore la semaine qui vient, je m’étais organisée cinq jours ailleurs, sans Internet, juste pour écrire. Déjà j’ai retardé d’au moins deux jours.

  2. Un écrivain peut écrire de n’importe quel endroit. Mais il est indispensable d’écrire vite, pour ne pas avoir à se rafraichir la mémoire sur ce que l’on a écrit avant.
    cordialement

  3. Lorsque j’étais jeune, je m’imaginais qu’avoir une « chambre à soi » était la condition sine qua non pour se consacrer à l’écriture. Je n’avais pas encore découvert que, dans la vie d’une femme, quels que soient ses talents de jongleuse, les exigences du quotidien priment sur son besoin
    d’écrire. Je me demande parfois : parmi les femmes ayant choisi le rôle de muse, combien y en a-t-il qui avaient rêvé de devenir écrivaines?

  4. Claude, faut pas lâcher! À M. Saint-Onge : je pense que chacun doit trouver sa façon d’écrire (sa vitesse), et cette façon d’écrire peut même changer d’un livre à l’autre. J’ai mis sept ans à écrire mon p’tit dernier, mais c’est sûr qu’à ce rythme-là, je ne dois pas m’attendre au salaire de Stephen King! À Mme Herbeuval : Bonne question!

  5. Écrire c’est une question de motivation, mais, chacun doit trouver non seulement son rythme mais aussi l’environnement qui lui convient le mieux. Le travail de préparation est essentiel, et, c’est lui qui permet d’avancer plus ou moins vite.
    cordialement

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