Une fois brisé le mur du silence, on ne peut pas retourner derrière.
À l’occasion, il m’arrive de repenser à ma dernière conversation avec une vieille amie, quelque part dans café au centre-ville de Montréal. Elle voyait d’un œil très sceptique mes aspirations littéraires. Talent ou pas, j’allais forcément « frapper un mur », croyait-elle, parce que je n’avais pas les bonnes relations, pas le bon pédigri, etc.
Dans ma famille on est un peu tête de cochon (d’accord — beaucoup, vous diront celles et ceux qui ont partagé leur vie avec quelqu’un de la descendance d’Édouard Martin). Mais est-ce l’entêtement ou la naïveté qui m’ont fait persévérer? La route a été longue.
Le mois dernier, j’ai reçu le Prix du livre d’Ottawa pour Un jour, ils entendront mes silences. Après, je m’attendais à me fondre à nouveau dans le silence, à retourner à mon clavier avec pour seule compagnie mes deux vieilles chattes. À la place, j’ai reçu un coup de fil de mon éditeur m’annonçant que j’avais été choisie comme personnalité de la semaine Radio-Canada/Le Droit. Une nouvelle ronde d’entrevues m’attend.
Au milieu de ce joyeux bruit, je voudrais quand même attirer l’attention sur une initiative qui me tient à cœur, puisque j’ai participé à sa concrétisation : les bourses Tontine. Ces bourses « un tantinet rebelles » visent à donner un coup de pouce à la créativité des femmes d’Ottawa et de Gatineau. J’ai participé parce que, justement, je sais combien elle peut être longue, la route, pour une artiste; longue, et semée de doutes. Recevoir une bourse ou un prix, c’est une tape dans le dos, un encouragement à persévérer.