Le solstice d’hiver approche. Nous connaîtrons alors la nuit la plus longue de l’année.
Ce grand bain de noirceur poussait nos ancêtres à allumer de grands feux de joie. Aujourd’hui, nous parons nos demeures et nos villes de guirlandes lumineuses. Nos feux et lumières ne changent rien à la réalité de la nuit, mais ils nous la rendent moins terrifiante. Ils éclairent la voie en attendant le retour du jour et nous empêchent de nous égarer.
L’âge qui est le nôtre me paraît par moment dominé par l’obscurantisme, la noirceur. En scrutant l’horizon, je peux cependant distinguer ici et là des lumières dispersées dans cette noirceur.
Todd Minerson est l’une de ces lumières. Cofondateur de la Campagne du ruban blanc, il mobilise hommes et garçons dans la lutte contre la violence faite aux femmes et vise à long terme l’avènement d’une société non violente. Il ne s’attend pas à voir cette société de son vivant, mais il croit, comme feu Jack Layton, qu’il faut avoir un rêve plus grand que soi, un rêve qui survive à notre propre vie.
J´aimerais bien penser que c´est pas aussi noir
Que toutes les rimes le laissent supposer
[…] Oh! les belles chansons, ça monte des bateaux
Ça nous fait rêver (1)
Il faut rêver, oui. Il faut croire à l’amour. Voilà ce que je me disais hier soir, bercée par les mots et la musique de Daniel Lavoie, au Centre national des arts.
Nos ordinateurs nous programment, paraît-il (2). Ils sont en train de changer radicalement notre relation au monde, ainsi que d’engendrer une uniformisation de la pensée, « un rétrécissement de la science et du savoir » (3). Il faut garder une place pour les idées et les voix divergentes; car, ce sont elles, bien souvent, qui sont porteuses de solutions nouvelles, font germer les rêves les plus féconds et propagent la lumière.
1. Chanson La vérité sur la vérité, Daniel Lavoie.
2. « À propos des risques de laisser la frénésie s’emparer de notre âme », Nouveau projet, no 1, p. 76‑81.
3. Idem.