On n’a jamais autant vanté la créativité et, paradoxalement, les signes de paresse créative abondent. Souffrez-vous de paresse créative? À quoi reconnaît-on la paresse créative?
1. Les listes
Les magazines, les blogues et les portails d’actualités affectionnent les listes : 10 superfruits pour changer votre vie; les 5 endroits qu’il faut visiter dans sa vie; 10 habitudes des personnes hautement créatives, etc. Les listes sont devenues la formule passe-partout pour enfirouaper un lectorat surstimulé qui ne sait plus où donner de la tête. Elles contribuent de surcroît à l’infobésité en cultivant chez les gens un goût pour le butinage au lieu de la profondeur. Les listes me tapent sur les nerfs, parce qu’elles prétendent dicter le bon goût (la sagesse, le mieux-vivre, la santé, etc.) et atrophient l’esprit d’aventure en écartant d’emblée les inclassables, parmi lesquels on trouve souvent les plus beaux trésors.
2. Les nouvelles versions (remakes)
Combien de fois les grands studios hollywoodiens vont-ils nous refaire Superman, Batman et Spider-Man, je vous le demande? Il est parfois intéressant de revisiter une œuvre, mais on devrait attendre au moins une génération, non? Pour Spider-Man, à peine cinq ans séparent le dernier film de la trilogie tournée par Sam Raimi de la reprise signée par Marc Webb. Aurions-nous peur à ce point du risque et des idées nouvelles? Du reste, cette uniformité dans la production limite la capacité de rejoindre de nouveaux publics potentiels (parce que, à moins d’être un homme à la peau blanche, il est plutôt difficile de s’identifier au personnage de Batman).
3. Les réitérations sans valeur ajoutée
Quand quelque chose fonctionne, on s’empresse de le reprendre en le campant dans un nouveau décor. Ainsi, à la télévision, la série CSI: Crime Scene Investigation (Les Experts), a été suivie de CSI: New York et CSI: Miami. Ça n’est pas très créatif. Au contraire, cela montre une aversion au risque; or, le risque fait partie intégrante de la créativité. Vous pouvez sans doute trouver vous-mêmes des exemples qui ne sont pas importés des États-Unis…
4. Les recettes
Les romans Harlequin sont le parfait exemple de livres d’après recette. La structure reste la même. On sait dès le départ comment l’histoire va finir. Il n’y a rien pour nous choquer, nous surprendre ou nous faire réfléchir dans ces pages. Beaucoup de livres à suspense, malgré un élément de surprise, suivent aussi des recettes éprouvées. Pensez à la série James Bond, par exemple. En ce qui me concerne, j’ai beau aimer les spaghettis, je n’en mangerais pas tous les jours.
5. L’approche « réalité »
La téléréalité est plus économique que les dramatiques, ce qui explique sans doute en partie pourquoi ce genre d’émissions est aussi populaire. Sans doute satisfont-elles aussi un certain appétit voyeur, mais elles deviennent très vite redondantes. Elles sont aussi d’une pauvreté navrante tant du point de vue de la langue que des idées. Si ce que vous voulez, c’est vous immerger dans les drames et les manies de monsieur et madame Tout-le-Monde, pourquoi n’iriez-vous pas plutôt faire une balade en autobus sans vos écouteurs (si vous habitez Ottawa, je vous recommande le circuit numéro 12 d’OC Transpo, toujours très divertissant) ou vous asseoir une petite heure dans un café sans votre ordiphone ou votre tablette? Ça, c’est de la réalité. Et vous rentrerez peut-être avec quelques idées pour alimenter votre créativité!
C’est bien vrai, et c’est intéressant de remettre ça à plat pour ne pas nous-mêmes tomber dans le piège…