Suggestions de lecture pour la Journée internationale des personnes handicapées

C’est aujourd’hui la Journée internationale des personnes handicapées et, pour l’occasion, je vous présente une petite chronique livres sur le thème des handicaps.

Petit Cube_couverturePetit Cube chez les Tout Ronds
de Christian Merveille

J’ai offert à tous les enfants dans mon entourage ce livre adorable sur les différences qui permet aux tout-petits de comprendre par analogie que les handicaps peuvent être une richesse. On peut aussi en entendre un très bel enregistrement sur le site Web de RTBF.

Coquille de silenceUne coquille de silence
de Frances Itani (traduit de l’anglais par Sylvie Schneiter)

Je garde un souvenir indélébile de ce roman canadien, pourtant lu il y a plusieurs années. C’est l’histoire de Grania, devenue sourde à cinq ans, et de son coup de foudre pour Jim. Dans leur recoin de l’Ontario, ils s’inventent un langage. Et puis la guerre éclate…

Les fillesLes filles
de Lori Lansens (traduit de l’anglais par Lori Saint-Martin et Paul Gagné)

Une amie écrivaine m’a offert cet autre roman canadien parce qu’elle lui trouvait une certaine parenté avec le mien. La première phrase vous agrippe avec une force fulgurante et vous projette immédiatement dans la réalité de Rose et Ruby, des sœurs siamoises. C’est tantôt drôle, tantôt émouvant. Et ça se passe aussi en Ontario.

Pour d’autres suggestions, je vous suggère de consulter le site du Prix Handi-Livres, qui  a été créé pour mettre en lumière des ouvrages de langue française traitant de handicaps ou par des autrices et auteurs en situation de handicap.

Bonne lecture!

Autre année, autres lectures

J’ai récemment livré ma chronique printanière au magazine À bon verre, bonne table. J’y présente deux livres qui m’ont emballée, des livres pratiques qui sont pleins de personnalité. Sous les mots, je pouvais sentir la présence et, surtout, la passion des auteurs — mais je n’en dis pas plus pour l’instant, vous devrez attendre le magazine!

Couverture - Flâneries laurentiennesAu départ, ma sélection pour cette chronique devait inclure Flâneries laurentiennes, sur la route des écrivains, que j’ai finalement écarté parce que l’ouvrage m’a laissée de glace. Une introduction fade, un contenu qui donne une impression de désorganisation, des photos (principalement noir et blanc) ne rendant pas justice à la beauté de la région… J’étais peut-être d’humeur bougonne, qui sait? Dans un marché sursaturé, où chacun rivalise d’originalité pour se démarquer, ce livre ne faisait tout simplement pas le poids à mes yeux. Bref, il n’a pas réussi à me donner le goût d’aller flâner dans les Laurentides. J’ai abandonné la lecture.

Couverture - Routes incertainesL’automne a été tellement chargé que je n’ai pas fait mention du tome 3 des chroniques du Nouvel-Ontario, Les routes incertaines.  C’est la conclusion de la grande saga d’Hélène Brodeur, que Prise de parole a rééditée dans sa collection Bibliothèque canadienne française. Mon exemplaire traîne encore dans un coin du bureau. Lirai ou ne lirai pas? Telle était la question. Je l’ai pris,  je l’ai ouvert. Quatre pages ont suffi à me convaincre : j’avais envie de savoir ce qui allait arriver à Émilia et à Jean-Pierre.  Le voilà donc officiellement ajouté à  ma pile « à lire ». En 1986, Georges Bélanger écrivait à juste titre :

[…] cette trilogie pourrait fort bien faire l’objet d’un film ou d’une télésérie aussi captivant que les Dallas, Dynastie ou Louisiane du petit écran, parce que les personnages s’y révèlent vivants, passionnés et profondément humains. (1)

Toutes les écrivaines ont d’abord été lectrices. Toutefois, écrire a changé ma façon de lire : je porte attention à ce qui me fait aimer ou détester un livre, j’essaie de distinguer les rouages de l’histoire, de percer le secret d’une magie que parfois l’autrice elle-même ne comprend pas consciemment. Ce qui influence en retour ma façon d’écrire, bien sûr!

Je travaille sur un nouveau roman. Je vous parlerai plus tard des vertiges que provoque en moi cette histoire. Je suis encore à planter le décor, à construire les personnages. M’accompagne dans ces premiers pas le livre Writing Begins with the Breath, de Laraine Herring. Pour elle, écrire n’est pas qu’une démarche intellectuelle; c’est un art qui engage toutes les facettes de notre être. Quiconque souhaite approfondir sa pratique d’écriture trouvera dans ces pages des conseils et des exercices éclairants.

Couverture - Writing Begins with the BreathIl est facile d’oublier l’importance du corps quand on écrit, dit Herring. Parce que mots et langage sont des constructions de l’esprit, nous assimilons généralement l’écriture à une activité purement intellectuelle. Certes, le langage appartient au domaine de l’esprit, mais les histoires portées par notre voix authentique montent du corps. Nos cellules ont une mémoire, et dans cette mémoire sont enregistrées toutes nos expériences — exprimées ou refoulées, parfois oubliées même. (2) Herring enseigne à y puiser pour enrichir notre écriture.

Avez-vous de belles lectures au programme cette année? Si vous peaufinez encore votre liste, peut-être voudrez-vous jeter un œil aux résolutions de lecture de Marie Hélène Poitras avant de la finaliser. Bonne année!

1. BÉLANGER, Georges. « Une fresque du Nouvel-Ontario », Liaison, no 53, 1986 (consulté sur le site Érudit).

2. HERRING, Laraine. Writing Begins with the Breath, Shambala, 2007, p. 7.

Mords ou croque

Le nouveau numéro d’À bon verre, bonne table est maintenant disponible. Dépêchez-vous de vous procurer votre exemplaire à la LCBO avant qu’il n’en reste plus. Je consacre cette fois ma chronique « Les doux plaisirs » à un guide photo et à un album sur les vampires :

EXTRAIT : « Êtes-vous une gastronome ou un passionné de cuisine? De nos jours, plutôt que de collectionner les recettes dans une reliure à anneaux, de plus en plus de gens choisissent de les réunir sur un blogue […] »

Je lis

Je n’écris pas ces jours-ci. Alors, je lis.

Le saviez-vous, Rue des libraires — le portail des librairies indépendantes du Québec — vend aussi des livrels? L’interface du site est d’ailleurs la plus élégante et la plus conviviale que j’aie vue jusqu’à présent.

Le réseau des librairies indépendantes du Québec a lancé ce mois-ci une webémission consacrée à la littérature, qu’anime Elsa Pépin : Rature et lit.  Pour la première, l’animatrice reçoit les cinq finalistes du Prix des libraires 2012. J’ai trouvé le début plutôt soporifique, mais la discussion s’est animée quand elle s’est tournée vers le livre de Karoline Georges, Sous béton. La formule a du potentiel.

Dimanche, dans le train, j’ai terminé la lecture d’À toi, de Kim Thuy et Pascal Janovjak. Ce livre rassemble la correspondance que l’écrivaine et l’écrivain ont échangée sur une période de trois mois. Ils y parlent de leur vécu de déracinés, de l’écriture,  de leur vision de l’amour, du monde, etc. Ce n’est pas Ru, mais il y a quand même de beaux passages dans ce petit livre :

[…] on n’a jamais que la beauté que l’on mérite — celle du regard que l’on porte sur les choses.

J’ai entamé aussitôt Maleficium, de Martine Desjardins, un inclassable au parfum d’interdit. Elsa Pépin, justement, écrivait à son sujet dans La Presse que ce livre, « présenté comme le traité hérétique d’un certain abbé Savoie (1877-1913),  recèle d’étranges histoires d’horreur aussi excitantes que malaisées. » « Jamais le péché ne vous aura semblé aussi irrésistible », conclut l’éditeur en quatrième couverture. C’est juste. La langue de Desjardins, d’une précision et d’une élégance rares, est aussi irrésistible.

Ma prochaine lecture sera sans doute, le tome 2 des Chroniques du Nouvel-Ontario, dont la version ePub est enfin en ligne (plusieurs semaines après la version imprimée et la version PDF). On peut en lire un extrait et acheter la version imprimée sur À vos livres, le site du Regroupement des éditeurs canadiens-français; toutefois, pour la version numérique, il faut se tourner vers Rue des libraires, Archambault ou Renaud-Bray. Étrange, mais c’est comme ça. Enfin, j’ai bien hâte de le lire, ce second volet des chroniques d’Hélène Brodeur — un classique de la littérature franco-ontarienne.

Identité et territoire

Dans le numéro printanier d’À bon verre, bonne table, je présente un roman historique campé dans le nord de l’Ontario et une monographie sur les origines de la cuisine québécoise :

EXTRAIT : « Autant il est malsain de vivre dans le passé, autant nous avons besoin de savoir d’où nous venons pour trouver l’équilibre dans le présent. »

Le dragon bleu

Êtes-vous parmi les chanceuses et chanceux qui ont réussi à mettre la main sur le plus récent numéro d’À bon verre, bonne table? J’y présente un dictionnaire, La cuisine au fil des mots, et une bande dessinée, Le dragon bleu.

EXTRAIT : « Il y a un pouvoir dans les mots, car ils nous permettent d’accéder au savoir. Toutefois, il y a aussi un pouvoir dans l’image et les symboles, qui peuvent déboucher sur une autre forme de compréhension. L’image du dragon symbolise « cette force dévastatrice qui vit en toute chose… » »

Je ne dispose que de quelques lignes dans le magazine pour faire le tour d’un livre. La concision est un art exigeant. Dans le cas du Dragon bleu, par exemple, j’aurais aimé aller beaucoup plus loin. Avez-vous vu la pièce de théâtre du même titre, créée par Robert Lepage et Marie Michaud? (Moi, je l’avais vue lors de son passage au Centre national des Arts, à Ottawa, et je l’avais beaucoup aimée.) Il vaut la peine de lire sur la genèse de l’album. Éric Bouchard la résume bien dans son article intitulé « Dans le ventre du Dragon bleu ». Il donne une bonne idée des problèmes d’adaptation et explique pourquoi les créateurs ont finalement opté pour les dialogues à la Petzi. Pour compléter votre tour d’horizon, vous voudrez peut-être également lire ce qu’en a écrit David Desjardins dans l’hebdomadaire Voir.

Fuir

Je n’ai envie de rien aujourd’hui, sinon de mettre le cap au sud, vers des contrées où résonne le bruit des talons sur des pavés chauffés à blanc par le soleil. La glace craque sous mes roues. Le froid pique mes yeux. Le printemps est loin. Je pense aux absentes, aux éconduits, aux expatriées.

Sur un coin du bureau traîne L’instant de la fuite, un recueil de poésie signé Michel A. Thérien (on peut en feuilleter quelques pages ici). Il y a déjà plusieurs semaines que je me promettais de vous le signaler. C’est un recueil magnifique qui parle des vertiges et déchirements de l’amour, de l’absence aussi.

et tu viens
dans les retranchements
lointains de mes guerres
et de mes cicatrices

L’instant de la fuite, p. 58

Dans mes retranchements hivernaux, je lutte contre une sotte envie de tout fuir — à commencer par moi-même.

Techno, boulot, dodo

Techno

Je continue de trimbaler partout ma liseuse Kobo, que j’aime autant sinon plus qu’au premier jour. La plupart des lacunes que j’ai mentionnées dans mes précédents billets ont été corrigées — au point où je me demande si l’équipe technique de Kobo lit mon blogue! La plus récente mise à jour rend les fonctions de surlignage et d’annotation disponibles dans tous les fichiers ePub, qu’ils viennent ou non de la boutique Kobo (laquelle propose même un palmarès du roman québécois à présent). Décidément, les choses évoluent très vite dans l’univers du livrel!

Boulot

Toute une mystique entoure l’écriture. Marie-Catherine Vichery-Idel affirme à propos des Rimbaud, Verlaine et autres :

Ils ne devenaient pas écrivains, mais étaient des écrivains jusque dans l’oxygène qu’ils respiraient.

Margaret Atwood, dans Nogotiating with the Dead, explore avec une grande lucidité diverses facettes de cette mystique. Elle aborde aussi les aspects plus terre-à-terre du métier. « Les écrivains aussi doivent manger », écrit-elle. Et il faut bien sûr de l’argent pour payer la facture d’épicerie ou de restaurant!

On ne parvient généralement pas du jour au lendemain à vivre de sa plume ou de son clavier. Une carrière d’écrivaine, ça se bâtit. Il y a bien sûr tout le travail de l’écriture à proprement parler, mais pour vendre des livres, il faut se faire connaître (en termes mercatiques, on appelle ça « construire sa marque »). De temps en temps, je balaie donc le cyberespace pour évaluer comment se porte ma « marque ». C’est un boulot rasoir, qui peut toutefois s’avérer fort instructif. J’ai ainsi récemment constaté que plusieurs de mes recensions et critiques étaient citées par des éditeurs (entre autres ici et ici); je les en remercie. J’ai aussi retrouvé la trace de mon ancien blogue, pourtant supprimé : les mots lancés dans la Toile voyagent parfois très loin et ils ne sont pas facilement rattrapés!

Dodo

Les bilingues parmi vous ont sans doute déjà entendu l’expression to go the way of the dodo : « connaître le même sort que le dodo », c’est-à-dire disparaître. En français, on appelle plus souvent « dronte » ce lointain cousin du pigeon.

Mais pourquoi vous parler d’un oiseau disparu de la face du monde vers la fin du XVIIe siècle? Parce qu’au moment où l’on s’apprête à changer les calendriers, nous sommes beaucoup à faire le bilan de l’année écoulée et à formuler des résolutions pour la nouvelle. Dans votre vie, sûrement y a-t-il des choses (des attitudes, des habitudes, etc.) auxquelles vous souhaitez le même sort qu’au dodo. Moi aussi. Et je sais que c’est possible. Je sais qu’il n’en tient qu’à moi. L’histoire de Tererai Trent (vidéo en anglais et article en français) me l’a rappelé.

Image : it.wikipedia.org.

Ru

Avec vénération, j’ai glissé Ru dans le bac des retours à la bibliothèque Centrale d’Ottawa. Kim Thúy m’a offert mon plus beau moment de lecture depuis longtemps. Page après page, elle m’a éblouie, désarmée, bouleversée. Dans Ru, Thúy raconte par petits tableaux sa fuite du Vietnam déchiré par la guerre, son arrivée en terre québécoise (dans la proprette ville de Granby) et son acclimatation.

Je n’avais plus de points de repère, plus d’outils pour pouvoir rêver, pour pouvoir me projeter dans le futur, pour pouvoir vivre le présent, dans le présent.

Elle raconte sans mélodrame, avec tendresse et lucidité, « dévoilant qu’un horizon en cache toujours un autre et qu’il en est ainsi jusqu’à l’infini, jusqu’à l’indicible beauté du renouveau, jusqu’à l’impalpable ravissement. »

Des rayonnages biens garnis

Pour la deuxième fois en quelques semaines, je lis au sujet de cette librairie new-yorkaise où l’essentiel du personnel est constitué d’écrivaines et écrivains : la librairie BookCourt. Paul Assouline y consacre un billet. Je la mettrai sans doute à mon itinéraire le jour où je visiterai enfin la Grosse pomme. Et si l’achalandage s’avère plutôt léger au moment de mon passage, j’oserai peut-être engager la conversation avec l’une de mes homologues. Par exemple, je pourrais lui demander son opinion sur la traduction littéraire et, surtout, le fait que les États-Unis déversent tant de livres chez nous, francophones (et de même chez les lusophones, les hispanophones, etc.), alors qu’eux boudent (pratiquement) tout ce qui vient d’ailleurs.

Mon amie F., qui s’apprête à déménager, a confié à mes soins une partie de sa bibliothèque. J’ai ainsi hérité de plusieurs volumes de la Pléiade, ainsi que des Mémoires de Philippe Aubert de Gaspé – un magnifique volume illustré par Maîtrejean. Pour tout vous dire, je ne sais pas quand je m’attaquerai à cette brique (quand j’achèverai À la recherche du temps perdu ou, sinon, quand viendra la semaine des quatre jeudis, les deux me paraissant pour l’instant aussi probables!). Néanmoins, je ne pouvais laisser passer cette beauté reliée en rouge, qui dégage un irrésistible parfum de vieux papier.

Par la poste, j’ai reçu deux nouveautés des Éditions David : Un bon jour, il va bien falloir faire quelque chose, d’Alain Cavenne, et Xman est back en Huronie, de Joëlle Roy. Quel fossé entre la langue du Québécois de Gaspé et celle de ces plumes franco-ontariennes; un fossé de cent cinquante ans, grosso modo. (On peut lire une trentaine de pages de chacun sur le site À vos livres, le nouveau site du Regroupement des éditeurs canadiens-français.)

En feuilletant le roman de Mme Roy, j’ai repensé à une discussion sur les parlers régionaux que j’aie eu récemment avec une collègue acadienne. Quand j’étais enfant, ma mère s’est démenée pour contrer l’influence de notre environnement joualisant. Elle a réussi.

« Comment ça va encore? Dad la joue en A avec sa grosse voix de wanta be Johnny Cash. J’aurais dû prendre une guitare. Si je la jouais, les paroles viendraient avec. Mais on peut pas tout avoir! Ça va revenir. Si c’est moindrement comme le paysage, ça va revenir. Je commence à me demander si ça fait deux cents champs que je vois ou ben si c’est toujours le même qui finit pus… Heureusement que le train se pose pas trop de questions. Il a l’habitude. C’est l’habitude qui tait les questions? Je saurais pas, j’ai pas l’habitude. »

(Xman est back en Huronie, p. 9)

C’est une écriture contemporaine, proche de l’oralité comme le sont la majorité des livres publiés de l’autre côté de la frontière justement, chez nos voisins états-uniens. Elle a du souffle, c’est indéniable. Sauf que, comme lectrice, je recherche autre chose. Et comme autrice, je trouve toujours délicat de concilier couleur locale et exportabilité (c’est-à-dire, mon désir d’écrire un texte authentique qui pourra cependant voyager, qui restera lisible ailleurs en Francophonie).

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