Et si… Partout, n’importe quand

Et si, en cet instant, je pouvais me transporter ailleurs, n’importe où, voire à une autre époque (comme Gil Pander, dans Midnight in Paris), choisirais-je la vie de béguine dans le Bruges médiéval, l’exotisme de l’Indochine française ou le Paris des années folles?

La sage se suffit d’ici et maintenant.

L’écrivaine récalcitrante, elle, choisit l’ubiquité, afin de pouvoir être partout et n’importe quand — même dans un futur plus que parfait.

Et si… La vocation

À ma sœur

Et si ma vocation d’autrice trouvait ses origines dans les billets réconciliatoires que je glissais sous ta porte close après nos disputes d’enfants? À la différence de la parole, la plume me donnait le temps de peser mes mots. Et quand je trouvais les mots justes, des mots capables de toucher ton cœur, tu rouvrais ta porte.

Somme toute, j’écris encore pour les mêmes raisons : pour toucher les cœurs et ouvrir des portes.

Et si… Béant

Et si tu étais morte, je saurais ce qu’il faut faire. Je laisserais libre cours à ma peine jusqu’à ce qu’elle s’épuise d’elle-même.

Le temps ferait son œuvre.

J’apprendrais petit à petit à conjuguer ta vie au passé, et tu finirais ainsi par entrer dans l’Histoire — dans la catégorie de ce qui n’existe plus. Mais tu existes. Quelque part, tu vis.

Et parce que tu vis, parce que tu ne m’as pas officiellement adressé d’adieux, je continue de te ménager une place. Et le trou béant de cette place qui reste vide, jour après jour, semaine après semaine, il me tue.

Photo : Cimetière Saint-Louis no 1, Nouvelle-Orléans (Louisiane).

Et si… Le courage

Et si au fond la vieille tante qui prend vos mains au creux des siennes et, solennellement, déclare « comme tu es courageuse » voulait plutôt dire :  « Je suis contente de ne pas être dans tes souliers; parce que moi, à ta place, je m’effondrerais, peut-être même que je me jetterais dans le fleuve avec une pierre attachée à mes pieds. »

Combien je l’ai détesté ce mot, courage; combien de rage il a fait naître en moi. D’ailleurs, la rage ne serait-elle pas l’étincelle qui embrase le courage?

Et si… Le vent

Et si le vent n’était pas l’ennemi malgré les apparences, malgré les vénérables épinettes déracinées?

S’il était un messager venu fouetter l’indifférence et réveiller les morts-vivants?

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