Comme la sauce rouge

Bien sûr, j’ai mes raisons d’en vouloir à 2022. J’ai dû aller un peu trop souvent à l’hôpital me faire palper et radiographier, subir des prélèvements, rabâcher mes antécédents médicaux. « Et cette cicatrice-là, c’est quoi? » Pas certaine. Ah oui, celle-là, c’est la cicatrice originelle : celle laissée par vos confrères quand ils ont jeté un coup d’œil en dedans pour aussitôt refermer et annoncer ma mort à mes parents. Ça fait un demi-siècle. Je n’ai de tout ça que des transplants de souvenirs, que j’ai sciemment négligés parce que, vous savez, j’étais bien plus intéressée par ma vie que par ma mort.

(Transplants de souvenirs? Ma ressouvenance des souvenirs de mes parents et tantes, tels qu’ils me les ont racontés ou que je les ai entendus s’échanger par bribes.)

Bref, mes récentes visites à l’hôpital ont failli me faire oublier en bloc les nombreux cadeaux que j’ai reçus en 2022, dont une bourse d’écriture du Conseil des arts du Canada, le bleu de la baie des Chaleurs, une conversation formidable avec ma filleule dans un parc à Montréal, de même que la fierté d’avoir pu contribuer aux travaux du gouvernement du Canada sur l’écriture inclusive.

Mon journal m’a rappelé toutes les façons dont la vie m’a choyée au cours des douze derniers mois. Elle a été généreuse, la vie.

Avant que je devienne végétarienne, avant que je quitte la Rive-Sud et que je goûte la vraie cuisine chinoise, le summum de l’exotisme consistait en un repas de rouleaux impériaux (egg rolls), de riz frit et de boules de poulet à la sauce rouge. Une sauce aigre-douce. J’adorais les plats aigres-doux.

2022 a été une année aigre-douce. Et elle est aussi un peu tachante, comme la sauce rouge, mais je vais quand même m’en lécher les doigts.

Connexions

Je lis à petites bouchées Returning to the Teachings, livre de Rupert Ross qui me vient de la bibliothèque d’une amie décédée. La provenance du livre importe-t-elle vraiment? Tout est relié. Sinon de cette amitié, j’aurais probablement commencé ailleurs mon exploration de la justice réparatrice, en préparation du tome 3 de la trilogie d’Après Massāla.

Non, je n’ai pas commencé à écrire le tome 3; mais puisque j’aurai bientôt fini le premier jet du deuxième tome, je veux donner le temps aux idées de percoler pour le dernier de la trilogie, et la justice est l’un des thèmes que j’envisage d’y aborder.

Une vague de tristesse déferle souvent sur moi aux Fêtes. (La pandémie me permet à tout le moins l’économie d’explications cette année.) Quand se pointe cette tristesse, j’ai tendance à me sentir déconnectée — des miens, de la société, de la création. Déconnectée et inutile. Je vois ce qui me sépare du monde plutôt que ce qui m’y unit. (Les médias sociaux, où chacune est prompte à pointer la paille dans l’œil de l’autre, ne font qu’exacerber mon sentiment de séparation.)

Quel rapport avec Rupert Ross et la justice réparatrice? Ross ancre sa démarche dans la spiritualité autochtone, dont le principe premier est celui d’unité et de connexion. Mais la connexion doit être envisagée ici comme un mouvement de réciprocité.

L’obligation en cause est double en ce sens qu’il faut d’abord apprendre à voir toutes choses comme étant interreliées, puis s’employer à se connecter soi-même, de manière respectueuse et aimante, à tout ce qui existe autour, à chaque instant et dans chaque activité.*

Au moment de clore 2021, je m’interroge sur mes objectifs pour l’année qui vient. Ma soif de connexion est plus grande que jamais — une soif qui n’a rien à voir avec les foules ou les célébrations tapageuses, mais qui concerne plutôt le lien, les interdépendances. En somme, comme Ross le décrit dans son livre, je ne veux plus me contenter d’« avoir » des relations, mais savoir et percevoir au plus profond de moi que je « suis » en relation** à chaque instant, dans chaque activité.

Voilà un beau programme pour 2022. Bonne année!

* Traduction. Le passage original se lit comme suit : « It involved a double obligation, requiring first that you learn to see all things as interconnected and second that you dedicate yourself to connecting yourself, in respectful and caring ways, to erything around you, at every instant, in every activity. » (Returning to the teachings – Exploring aboriginal justice, Penguin Books, Toronto, p. 66.)

** Rupert Ross écrit : « Until that moment I would have said, « I, Rupert Ross, have relationships, » whereas the new perspective would require me to say, « I, Rupert Ross, am relationships. » » (p. 67.)

Dégoulines

une vie pour apprendre à voir et écouter
une vie pour dépoussiérer et parfaire le précieux savoir que je portais déjà entier en moi
épuré, comme l’or au creuset

ensorcelée par ce monde dégoulinant de vie
émue par la fragilité d’une aile, d’un bourgeon, d’un océan
les larmes jaillies hydratent mes terreaux désséchés

le soleil d’hiver brûle la peau
sa lumière trop vive sur la neige me tire de ma torpeur
sucrée, ma sève goutte-à-goutte
au bout du chalumeau

Art public et nids-de-poule

Détail d'une murale montrant le regard d'une jeune fille en profil.

Les grands chantiers de construction comportent en général un volet artistique. Ainsi, la ville d’Ottawa a-t-elle commandé plusieurs œuvres d’art pour les stations de son nouveau réseau de train urbain. Un pour cent du budget est consacré à l’art public. Pour la phase 2, cela représente environ 10 millions de dollars [1].

Dans les transports collectifs, je croise souvent des gens qui s’en scandalisent et crient au « gaspillage ». Certes, au premier coup d’œil, ils ont raison de s’interroger. Pourquoi dépenser 10 millions en pur luxe quand il y a tant de nids-de-poule à réparer et que la ville manque de logements sociaux?

Il faut voir plus loin que les briques et l’asphalte.

Les retombées de l’art public sont difficiles à mesurer, mais on sait que l’art est bon pour le cerveau [2] et qu’un quartier laid ou dilapidé nuit à la bonne santé mentale de ceux et celles qui y vivent [3].  Bref, investir dans l’art, ce n’est pas un luxe, mais un moyen de promouvoir le bien-être de la population.

Nicolas Domenach affirmait récemment qu’une « société ne se vit pas sans cœur ni rêves » [4]. L’art public fait partie de cette part de cœur et de rêve essentielle aux communautés humaines.

1. Jon Willing. « City wants ‘narratives’ in $10M public art buy for Stage 2 », Ottawa Citizen, 14 mars 2019, https://ottawacitizen.com/news/local-news/city-wants-narratives-in-10m-public-art-buy-for-stage-2.
2. Jean-Pierre Changeux, cité dans « Les bienfaits de l’art sur la santé », La Presse, 5 novembre 2017, http://plus.lapresse.ca/screens/30bd548f-59b4-4ebc-bd6a-4a8641074843__7C___0.html.  
3. Mary Hui. « Study : When a city’s trashy lots are cleaned up, residents’ mental health improves », The Washington Post, 17 août 2018, https://www.washingtonpost.com/news/inspired-life/wp/2018/08/17/study-when-a-citys-trashy-lots-are-cleaned-up-residents-mental-health-improves/?utm_term=.0c0fd8d47cb8.
4. Nicolas Domenach. « La liberté consiste d’abord à ne pas mentir », Le Nouveau Magazine Littéraire, novembre 2018, https://www.nouveau-magazine-litteraire.com/%C2%AB-la-libert%C3%A9-consiste-dabord-%C3%A0-ne-pas-mentir-%C2%BB.

Image du bandeau : détail d’une murale de la rue Bank, à Ottawa (Ontario).

Tahlequah

Je trouve souvent le monde abrasif. Après une semaine au travail, j’accueille la solitude du samedi matin avec gratitude et soulagement. Je suis une introvertie avide de silence dans une ère de bruit et de fureur. Je suis marginale d’une myriade de façons : de par ma condition de femme handicapée et sans enfant, mon statut de francophone hors Québec dans une Amérique anglophone, mes trois décennies de végétarisme, ma foi, les panneaux solaires sur mon toit, le sac d’emplettes réutilisable que je trimballe dans mon sac à dos, mon aversion pour les humoristes, et j’en passe. Je me reconnais peu dans les médias, dans la culture, dans nos gouvernements. Je persiste pourtant dans mon désir de vouloir créer une œuvre pertinente, dont le rayonnement dépasserait largement la marge; cette œuvre, je la voudrais de surcroît porteuse d’espoir, parce ce monde abrasif, il m’émeut encore.

Je suis émue, par exemple, devant notre faculté d’empathie, capable d’embrasser la douleur d’une mère épaulard. En effet, le deuil de Tahlequah (J35) a eu des échos un peu partout sur la planète. Pendant dix-sept jours, la brave maman a porté le cadavre de son petit orque.

orca by lori christopher

L’illustration est une création de l’artiste Lori Christopher intitulée See Me (Vois-moi), utilisée ici avec sa permission. Vous pouvez vous procurer ce portrait de Tahlequah portant son défunt bébé sur le site https://www.etsy.com/shop/SeaSoulSisters. L’artiste versera les profits de la vente à des organismes qui travaillent au rétablissement de la population d’épaulards résidents de la partie méridionale du Pacifique Nord-Est.

Pas un seul des épaulards nés au cours des trois dernières années n’a survécu1. L’espèce est menacée ou en voie de disparition selon la région. La disponibilité réduite des proies, les perturbations acoustiques et la pollution sont en cause2.

Que puis-je pour Tahlequah à l’autre bout du continent? Je ne peux tout de même pas remédier seule au problème de la pollution!

Tout est relié. C’est l’effet papillon : une expression du météorologue Edward Lorenz pour décrire comment, dans un modèle climatique, il suffit de modifier de façon infime un seul paramètre pour obtenir des changements colossaux au bout du compte3.

L’émotion, elle est fugace comme les battements d’ailes d’un papillon, mais pour qui sait la canaliser, elle se mue en inspiration, et l’inspiration peut déboucher sur des changements colossaux. C’est ainsi que la simple perte d’un sac a fait naître chez Millicent Garrett Fawcet l’émotion qui a engendré le mouvement des suffragettes4, grâce auquel les femmes, après des décennies de lutte, ont pu obtenir le droit de vote et peuvent même devenir premières ministres aujourd’hui.

Mon sac d’emplettes réutilisable, ce que je mets dans mon assiette, ma décision d’acheter tel ou tel appareil en fonction de sa durée de vie et de la possibilité de le réparer ou non : je fais ces choix en considérant leurs conséquences — sur ma santé, la société, la planète. Seule, je ne peux pas remédier au problème de la pollution. Mais je ne suis pas seule à avoir été émue par Tahlequah.

1. Information publiée par le Center for Whale Research de l’État du Washington, consultée le 18 août 2018.

2. Gouvernement du Canada, Registre des espèces en péril : Épaulard – population résidente du sud du Pacifique Nord-Est, consulté le 18 août 2018.

3. «Qu’est-ce que l’effet papillon», Ça m’intéresse, consulté le 18 août 2018.

4. «La révolution des suffragettes», Le Monde, 26 novembre 2015.

Je crois

Rédigé il y a quelques années, puis retravaillé à maintes reprises… Ce texte m’a longtemps paru trop osé pour que je le publie. Le voici.

Souvenir d'une promenade à vélo

Je crois en Dieu qui est tout et partout;
Force créatrice aux noms multiples
Pour les unes Yahvé,
Pour les autres Déméter, Grand Manitou ou Allah,
Masculin, féminin, etc.

Je crois en Jésus le Christ,
Fils de la femme Marie,
Par cette Force engendré,
L’adombré marcheur d’eaux
Venu prêcher une révolution des cœurs;
Qui enflamma de ses paroles la Galilée
Et qui se laissa crucifier par un intimidateur tremblant;
Témoin des déportations et des enfers génocidaires des hommes,
Mis et remis au tombeau des dogmes,
Il ressuscite quand nous aimons inconditionnellement
Et pleure de nous voir juger trop durement morts et vivants.

Je crois que toustes sommes appelées,
En communion avec Marie-Madeleine, Moïse,
Martin Luther King, Gandhi, le frère André, Malala
Et tant d’autres, connues ou inconnues, ici-bas
À devenir pareilles à lui et que
Par nos mains
Le royaume chaque jour se bâtit
où nous portons la vie.

Je crois qu’il faut prier partout :
Dans la rue, sous la douche, au pied des arbres, au lit, dans les salles d’opération,
Ainsi que dans les temples, les mosquées et les églises de tous acabits;
Que le silence de la prière et de la méditation sont aux esprits
Comme pluie pour les plantes.

Je crois que la Force créatrice est en moi et que je suis en elle
Avec montagnes, requins, procaryotes, neiges et tonnerres
Comme globules rouges, lymphocytes et acides nucléiques sont en moi;
Je crois à l’impermanence des choses,
À la malléabilité du réel
Et à l’immortalité de l’âme.

Amen.

© Marie-Josée Martin

Des fruits et des utopies

fruitsDans une ville qu’on surnomme la « Grosse pomme », un professeur amoureux de beauté et de nature a fait pousser un arbre digne du jardin d’Éden, qui arbore un feuillage multicolore et produit un assortiment de fruits délectables. Il a commencé par étudier le calendrier de floraison des arbres fruitiers du verger qu’il venait d’acquérir, puis il a pris une bouture d’arbre et a commencé à y greffer différentes variétés fruitières. Ainsi est né l’arbre aux quarante fruits.

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Les ailes de la curiosité

Une année d’ombre et de lumière, d’alléluias sacrés et d’alléluias brisés*. Voilà ce qu’a été 2016. Au cours des dernières semaines, je me suis ménagé du temps pour le soupeser. Bien sûr, je n’ai pas comptabilisé un à un rires, larmes, cadeaux et déchirements. J’ai néanmoins tâché d’évaluer avec le plus d’honnêteté possible ce que j’avais su faire de ces douze mois, selon mon habitude.

J’ai su nourrir ma créativité et tenter de nouvelles expériences, j’ai même achevé un manuscrit. Alors, comment expliquer mon sentiment d’échec face à cette année?

La vie n’est que le reflet des couleurs qu’on lui donne.

— Abbé Pierre, Confessions

Cette question m’a conduite à une autre, beaucoup plus large :

Qu’est-ce qu’une vie réussie?

En ce qui me concerne, ce sont à mes efforts pour embellir et bonifier le monde que je mesure, que je mesurerai mon succès. Et vous?

On ne lui offrait pas les ailes qu’elle avait imaginées, mais elle volait déjà. Et comme le bonheur des gens qu’on aime, même quand on ne le comprend pas, nous transforme, Valcourt regarda le baroque amas de tissus que Gentille étalait en sautillant autour de la table et ne vit que son sourire qui dessinait les formes de l’extase.

— Gil Courtemanche, Un dimanche à la piscine à Kigali

Certains jours, bonifier le monde, ce peut être aussi simple que d’offrir un sourire à l’inconnue croisée à l’arrêt d’autobus; d’autres, pour moi, ce sera d’utiliser mes talents de communicatrice afin de sensibiliser le public ou une élue à un problème. Chaque petit geste compte, mais pour construire un monde meilleur, il faut aussi des actions comme celles d’une Viola Desmond**, qui demandent de sortir des sentiers battus. D’où pour moi l’importance de choisir d’écouter plus souvent ma curiosité que ma peur.

L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation.

— Averroès

Alors, puisse la curiosité — la mienne et la vôtre — l’emporter plus souvent sur nos peurs cette année et nous donner des ailes.

earhart-sur-son-avion

Bonne année 2017!

* De la chanson Hallelujah, de Leonard Cohen : « It doesn’t matter which you heard
The holy or the broken Hallelujah »
** Militante noire et première Canadienne qui figurera sur un billet de banque. Pour en savoir plus : http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/viola-desmond/.
Image : Amelia Earhart, photo de John Vanowsky (via Flickr).

Glanures

La question que je me pose ce matin : investir ou non du temps dans le remaniement d’une nouvelle pour la soumettre à un concours. La nouvelle n’est pas ma spécialité. Un magazine a déjà levé le nez sur celle-ci, du moins sur la version existante. C’est un bref antépisode au roman que j’ai soumis à un éditeur au début de l’été. Je lui vois plein de défauts. J’ai au moins une, voire deux idées pour améliorer le texte. Je n’ai pas grand-chose à perdre, sinon quelques heures et feuilles de papier.

J’ai pourtant plus envie de me replonger dans ces substantifiques essais où je glane des idées pour mon prochain livre.

Je suis en perpétuel glanage. J’ai de volumineux carnets (papier et virtuels) qui regorgent de faits et de citations ayant piqué ma curiosité ou ma conscience, des citations comme celles-ci :

[…] vouloir s’informer sans effort est une illusion qui relève du mythe publicitaire plutôt que de la mobilisation civique.

— Ignatio Ramonet

Dans un texte publié dans les années 1990, M. Ramonet allait jusqu’à parler de « censure démocratique ». Vingt ans plus tard, de nouveaux joueurs participent à la manipulation de l’information.

Facebook manipule bel et bien l’affichage des nouvelles qui apparaissent sur les pages de ses abonnés. La multinationale américaine dispose même, pour le faire, d’une équipe éditoriale composée de vrais humains chargés de mettre de l’avant artificiellement ou de soustraire certains sujets, révèle un document interne obtenu par le quotidien britannique The Guardian […]

— Fabien Deglise

Dans Le Devoir, Antoine Robitaille affirmait carrément que notre société est entrée dans une ère « post-factuelle » dans un récent article consacré à la campagne présidentielle aux États-Unis. Des recherches récentes sur les univers numériques montrent que le problème soulevé par M. Ramonet s’est en fait aggravé.

[…] il y a bel et bien une majorité audible dans les réseaux sociaux qui consacre son temps à éteindre la lumière.

— Fabien Deglise

Où est-ce que je m’informe? Quelle information est-ce que je choisis moi-même de diffuser? Ce sont des choix qui peuvent contribuer à « répandre la lumière ». Comme créatrice, je dispose en outre d’un autre outil pour répandre la lumière : mon art. Comment en userai-je aujourd’hui?

L’héroïne d’une nouvelle histoire

Et voilà que s’achève une autre année.

Les médias nous proposent chacun leur revue de 2014. Ils nous résument en quelques images ou paragraphes les moments marquants pour le pays et la planète. L’histoire s’écrit.

Je ne sais plus exactement quand j’ai commencé à faire de même, à passer en revue ma propre vie. C’était à une époque où j’avais le sentiment de piétiner. Mon bilan annuel m’a aidée à voir mes progrès et, surtout, à cultiver la gratitude.  Lire la Suite

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