Réunions

Des crayons de couleur en cercle

Des cousins et cousines se sont donné rendez-vous dans un salon virtuel entre Noël et le jour de l’An. Pour plusieurs, notre dernière rencontre remontait au siècle dernier. Nos visages resculptés par le temps ressemblaient à ceux de nos parents. Toutes et tous, à tour de rôle, nous essayions de situer les autres dans l’arbre généalogique et de déterminer quelles ramilles nous y avions fait pousser.

Virtuelles ou présentielles, les réunions familiales se ressemblent toujours. On se raconte sa vie. On s’enquiert des déménagements, du travail, des enfants et petits enfants.

Moi qui suis sans enfants, on me demande parfois comment va l’écriture. Parfois. Quand on se souvient que c’est mon legs à moi, une transmission intellectuelle plutôt que génétique.

L’écriture prend beaucoup de place dans ma vie, mais on ne parle pas du manuscrit qu’on peaufine de la même manière que la tante Marguerite ou le cousin Marc raconterait les réalisations sportives ou scolaires de la petite dernière. — Oui, bon, je me demande si les trames narratives parallèles sont suffisamment bien rattachées les unes aux autres à la fin. Je m’inquiète pour mes personnages, je ne suis pas certaine qu’ils soient assez crédibles. Et puis, de quel droit j’écris, qu’est-ce que j’ai de pertinent à raconter, hein? Surtout, dans le contexte actuel, ne risque-t-on pas de me reprocher une perspective trop binaire, cisgenre et ….

C’est un peu trop abstrait, tout ça, pour une réunion de famille. Ce sont des sujets qu’il vaut mieux garder pour les cinq à sept littéraires ou les cercles d’écriture. J’ai d’ailleurs finalement fondé un tel cercle pour me sentir moins seule dans ce que Steven Pressfield appelle « La guerre de l’art », qui est surtout une guerre contre la résistance : l’ennemi intérieur.

Photo : Pixabay.

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