Ménage

Tandis que les médias salivent sur le plus récent exemple de la folie humaine, je croque dans le silence d’un après-midi sans obligations. Le manuscrit est chez l’éditeur. C’est le temps de mater le chaos qui s’est installé dans le bureau : de trier les papiers, de réorganiser mes bases de données, de revoir mon calendrier de travail et peaufiner mon plan de communication pour les mois à venir.

Dans mes bases de données, je retrouve des idées de billet sur des sujets relevés il y a quelques semaines ou quelques mois, notamment : la représentation des minorités visibles à la télévision (les médias n’ont pas mentionné que le même problème existe pour les personnes handicapées, à peu près absentes de nos émissions et toujours jouées par des « normaux » qui se baladent dans des fauteuils roulants de centre hospitalier); une artiste qui peint ce qu’elle entend; le carnet d’une petite bibliothèque sauvage; la sous-représentation des femmes dans les critiques; une mathématicienne oubliée et l’histoire du purisme linguistique en France.

J’envoie le tout à la corbeille. Votre attention est ailleurs, je sais.

Le sujet du jour, ce sont les armes à feu. Il n’y a pas que mon bureau qui ait besoin d’un bon ménage. La planète aussi… Je nous souhaite d’avoir le courage de le faire, y compris d’apporter les changements qui s’imposent pour éradiquer la violence dans nos sociétés — changements qui sont autant intérieurs qu’extérieurs.

Récemment invité à Ottawa* pour parler à des fonctionnaires, Dany Laferrière disait :

La langue devrait être un couteau qui descend jusqu’au cœur de notre être.  Mieux nous parlons moins nous sommes violents.

Dire nos peurs, nos inconforts et nos désaccords au lieu de tirer dessus? Voilà qui serait vraiment révolutionnaire.

* École de la fonction publique du Canada, 19 mai 2016.

Écrire et lire

L’été, j’essaie d’écrire dehors (quand les conditions s’y prêtent, c’est-à-dire quand il fait beau et que les voisins ne sont en train ni d’ajouter un étage à leur maison ni de jouer les disques-jockeys pour le quartier).  Lire la Suite

Une matinée avec le maître

« Qu’est-ce qu’un maître? » Dany Laferrière commence par cette question. Comme la bonne élève que j’ai toujours été, je suis au premier rang. J’ai sauté sur l’occasion de venir l’entendre, lui, l’immigrant haïtien qui, de Montréal, a conquis le Québec, puis la francophonie. Lire la Suite

Écrire c’est… [18]

Dans son Journal d’un écrivain en pyjama, Dany Laferrière explique :

[…] écrire n’est pas une opération qu’on peut entreprendre de manière désinvolte. Quand on a porté une histoire trop longtemps en soi, on sent monter la fièvre au moment d’écrire. On doit alors se tempérer afin de dégager un espace pour pouvoir travailler dans le calme. Si García Márquez a pu écrire Cent ans de solitude, c’est parce que sa femme s’est occupée de tout ce qui concerne la vie quotidienne.

Est-ce qu’un homme accepterait aussi facilement de s’occuper « de tout ce qui concerne la vie quotidienne » pour que sa femme puisse écrire? J’en doute. J’ai peut-être trop vu de films sur la vie d’artistes malmenées par leur conjoint ou amant : Camille Claudel, Sylvia Plath, Frida Kahlo.

La fièvre est là, oh! elle me dévore. Pourtant, même la tête brûlante, je dois continuer de conjuguer l’écriture avec le reste : responsabilités professionnelles, corvées ménagères, etc. Pour ne pas perdre le fil de l’histoire et ne pas confondre mes personnages, je multiplie les diagrammes, les plans, les fiches.

Si un jour, suivant l’exemple de Laferrière, j’écris mon « Journal d’une écrivaine », une chemise aux manches retroussées remplacera le pyjama.

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