Inondations

De la moisissure s’est installée dans un coin du sous-sol. L’eau a trouvé un interstice. L’eau trouve toujours un chemin pour s’infiltrer. Tenir maison, c’est en somme tenir tête à la nature. Un conflit larvé.

Pour des centaines de ménages en Outaouais, le conflit s’est changé une fois de plus en un combat harassant ce printemps. Leurs maisons se gangrènent dans les flots de la rivière, qui n’en finit plus d’élargir.

L’humain, malgré sa science, n’a pas appris à établir un domicile confortable sans entrer en conflit avec l’environnement. Dans la Rome antique, on a bien trouvé la recette d’un béton rendu plus fort par l’assaut des vagues, mais cela demeure une exception.

Il me semble plus urgent que jamais d’apprendre à vivre et bâtir avec la nature plutôt que contre elle.

Les inondations en cours provoqueront peut-être une prise de conscience. Patrick Lagacé, lui, parlait d’un autre genre d’inondation dans La Presse en mars dernier : l’inondation numérique. Se couper ou non de Facebook, là est la question — d’autant qu’on commence à douter de la valeur de la plateforme comme outil promotionnel pour les artistes, à moins de payer (vous avez certainement remarqué la quantité de contenu commandité sur votre mur).

Ces mots de Shakespeare décrivent en somme assez bien les médias sociaux : des fables pleines de bruit et de fureur qui ne signifient rien*.

* « Life… is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing »
William Shakespeare, Macbeth.

Glanures

La question que je me pose ce matin : investir ou non du temps dans le remaniement d’une nouvelle pour la soumettre à un concours. La nouvelle n’est pas ma spécialité. Un magazine a déjà levé le nez sur celle-ci, du moins sur la version existante. C’est un bref antépisode au roman que j’ai soumis à un éditeur au début de l’été. Je lui vois plein de défauts. J’ai au moins une, voire deux idées pour améliorer le texte. Je n’ai pas grand-chose à perdre, sinon quelques heures et feuilles de papier.

J’ai pourtant plus envie de me replonger dans ces substantifiques essais où je glane des idées pour mon prochain livre.

Je suis en perpétuel glanage. J’ai de volumineux carnets (papier et virtuels) qui regorgent de faits et de citations ayant piqué ma curiosité ou ma conscience, des citations comme celles-ci :

[…] vouloir s’informer sans effort est une illusion qui relève du mythe publicitaire plutôt que de la mobilisation civique.

— Ignatio Ramonet

Dans un texte publié dans les années 1990, M. Ramonet allait jusqu’à parler de « censure démocratique ». Vingt ans plus tard, de nouveaux joueurs participent à la manipulation de l’information.

Facebook manipule bel et bien l’affichage des nouvelles qui apparaissent sur les pages de ses abonnés. La multinationale américaine dispose même, pour le faire, d’une équipe éditoriale composée de vrais humains chargés de mettre de l’avant artificiellement ou de soustraire certains sujets, révèle un document interne obtenu par le quotidien britannique The Guardian […]

— Fabien Deglise

Dans Le Devoir, Antoine Robitaille affirmait carrément que notre société est entrée dans une ère « post-factuelle » dans un récent article consacré à la campagne présidentielle aux États-Unis. Des recherches récentes sur les univers numériques montrent que le problème soulevé par M. Ramonet s’est en fait aggravé.

[…] il y a bel et bien une majorité audible dans les réseaux sociaux qui consacre son temps à éteindre la lumière.

— Fabien Deglise

Où est-ce que je m’informe? Quelle information est-ce que je choisis moi-même de diffuser? Ce sont des choix qui peuvent contribuer à « répandre la lumière ». Comme créatrice, je dispose en outre d’un autre outil pour répandre la lumière : mon art. Comment en userai-je aujourd’hui?

L’écrivaine et les médias sociaux : un marathon d’apprentissage

Susan Murphy compare Twitter au café où vous achetez chaque matin votre latté; Facebook, à un centre communautaire; quant à Flickr et à YouTube, cette guru des médias sociaux les voit comme une place publique, où l’on vient s’asseoir pour regarder passer le monde. Incidemment, 21 millions de Canadiennes et Canadiens visitent YouTube chaque mois, et ils y visionnent en moyenne 147 vidéos chacun. Ça fait beaucoup de monde sur la place!

Susan Murphy était l’une des conférencières à Social Capital, conférence tenue hier à l’Université d’Ottawa. J’y ai beaucoup appris. J’en suis aussi revenue la tête pleine de nouveaux questionnements : dans les semaines à venir, je vais donc pousser un peu plus loin ma réflexion sur les médias sociaux — et ma place d’écrivaine dans ce vaste univers.

Des salons virtuels

À une certaine époque, les grandes dames de Paris tenaient salon — c’est-à-dire qu’elles recevaient chez elles le gratin culturel et intellectuel. Les meilleurs blogues culturels ne sont-ils pas des salons nouveau genre, des lieux dynamiques où l’on échange sur les arts, la culture, etc.? (Christian Liboiron en propose une sélection ici.)

Être humain, être social

Je trouve fascinant que l’être humain, cet animal social, ait transformé une technologie de prime abord aliénante en une machine à socialiser.

Bien sûr, les liens virtuels ne remplacent pas les rencontres face à face; en fait, ils en sont le plus souvent un prélude ou un complément.

À Social Capital, j’ai découvert un tas d’outils qui m’aideront à mieux tirer parti des médias sociaux, mais l’essentiel tient en deux mots — deux mots qui ont somme toute bien peu à voir avec la technologie elle-même : contenu et conversation. Qu’est-ce que ça signifie?

  • Assurez-vous d’offrir un contenu de qualité (quelle que soit la plateforme que vous utilisez).
  • Interagissez (publiez régulièrement, commentez les billets ou gazouillis d’autres internautes, etc.).

L’écrit : roi et maître

À l’issue de la conférence, je constate aussi que nous sommes plus que jamais une culture de l’écrit. Il y a quelques années à peine, on prédisait que l’avenir appartiendrait à l’image. Voilà que l’écrit fait un retour en force avec les textos, Twitter et les blogues.

Certes, l’image garde une place importante, mais l’image a toujours besoin des mots. Sans mots pour lui servir de charpente, elle perd tout sens.

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