Connexions

Je lis à petites bouchées Returning to the Teachings, livre de Rupert Ross qui me vient de la bibliothèque d’une amie décédée. La provenance du livre importe-t-elle vraiment? Tout est relié. Sinon de cette amitié, j’aurais probablement commencé ailleurs mon exploration de la justice réparatrice, en préparation du tome 3 de la trilogie d’Après Massāla.

Non, je n’ai pas commencé à écrire le tome 3; mais puisque j’aurai bientôt fini le premier jet du deuxième tome, je veux donner le temps aux idées de percoler pour le dernier de la trilogie, et la justice est l’un des thèmes que j’envisage d’y aborder.

Une vague de tristesse déferle souvent sur moi aux Fêtes. (La pandémie me permet à tout le moins l’économie d’explications cette année.) Quand se pointe cette tristesse, j’ai tendance à me sentir déconnectée — des miens, de la société, de la création. Déconnectée et inutile. Je vois ce qui me sépare du monde plutôt que ce qui m’y unit. (Les médias sociaux, où chacune est prompte à pointer la paille dans l’œil de l’autre, ne font qu’exacerber mon sentiment de séparation.)

Quel rapport avec Rupert Ross et la justice réparatrice? Ross ancre sa démarche dans la spiritualité autochtone, dont le principe premier est celui d’unité et de connexion. Mais la connexion doit être envisagée ici comme un mouvement de réciprocité.

L’obligation en cause est double en ce sens qu’il faut d’abord apprendre à voir toutes choses comme étant interreliées, puis s’employer à se connecter soi-même, de manière respectueuse et aimante, à tout ce qui existe autour, à chaque instant et dans chaque activité.*

Au moment de clore 2021, je m’interroge sur mes objectifs pour l’année qui vient. Ma soif de connexion est plus grande que jamais — une soif qui n’a rien à voir avec les foules ou les célébrations tapageuses, mais qui concerne plutôt le lien, les interdépendances. En somme, comme Ross le décrit dans son livre, je ne veux plus me contenter d’« avoir » des relations, mais savoir et percevoir au plus profond de moi que je « suis » en relation** à chaque instant, dans chaque activité.

Voilà un beau programme pour 2022. Bonne année!

* Traduction. Le passage original se lit comme suit : « It involved a double obligation, requiring first that you learn to see all things as interconnected and second that you dedicate yourself to connecting yourself, in respectful and caring ways, to erything around you, at every instant, in every activity. » (Returning to the teachings – Exploring aboriginal justice, Penguin Books, Toronto, p. 66.)

** Rupert Ross écrit : « Until that moment I would have said, « I, Rupert Ross, have relationships, » whereas the new perspective would require me to say, « I, Rupert Ross, am relationships. » » (p. 67.)

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