Écrire c’est… [33]
Écrire, pour Blaise Ndala, c’est un peu comme danser. L’auteur franco-ontarien d’origine congolaise fait la couverture du plus récent numéro de Lettres québécoises. Il y affirme :
J’écris à l’oreille, comme ces brasseurs de rumba congolaise à qui personne n’a appris le solfège […] J’écris comme d’autres dansent ou se « shootent » à la pornographie. J’écris comme il m’arrive de chanter sous la douche ou en cuisinant un poulet à l’arachide. Si ça sonne faux, j’ajuste.
J’approche aussi l’écriture comme on approche la musique, en considérant la mélodie des mots, mais aussi le rythme.
La langue n’est pas une cathédrale, mais un matériau avec lequel s’amuser. Il ne faut pas hésiter à se l’approprier, à la remodeler au besoin. À lui donner des mots nouveaux aussi. Il faut comprendre sa charpente, mais la charpente n’est jamais l’édifice entier; et sur la charpente existante, on peut construire et enjoliver avec une grande liberté.
Cette idée de s’approprier la langue semble aussi chère à Ken Bugul, autrice sénégalaise. Dans un entretien où elle aborde le rapport des francophones extrahexagonaux au français, elle parle d’écrire et d’utiliser la langue française « en la tournant, en la tordant, en la découpant en petits morceaux » puis en le recollant pour exprimer la réalité de notre lieu.
Bref, il ne faut pas craindre de choquer l’Académie!