Du chaos naissent les étoiles
C’est le titre — très poétique — d’un roman de Marilyse Trécourt; la phrase est parfois attribuée à Charlie Chaplin. Elle apparaît un peu partout et ressemble à s’y méprendre à une citation de Nietzsche : «Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante.»
Elle semble faire écho à un verset de la Genèse (1/1-2) : «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre n’était que chaos et vide. Il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme et l’Esprit de Dieu planait au-dessus de l’eau.»
Du chaos naissent les étoiles. On pourrait aussi écrire : du chaos naissent les mondes.
Écrire c’est organiser le chaos.
Un roman est un monde : un monde d’idées et de mots que l’autrice organise et assemble patiemment à sa table une lettre, un signe à la fois sur des mois, voire des ans.
À l’ère du tout numérique, on me propose une foule d’applications (EverNote, Scrivener et autres) pour m’aider dans cette tâche digne de titans et déesses — chacune d’elles apporte son propre chaos. Moi seule ai le pouvoir d’apporter l’ordre.
Dans ce monde-là, le monde des mots, l’ordre est possible.
Dans l’autre, dans celui qu’on appelle « réel », le chaos persiste : il y a des idiots qui se prennent pour des rois, des îles de plastique, des gens à qui on propose l’euthanasie au lieu d’une aide substantielle, des écrivains à la parole si libre qu’on les gratifie de coups de poignard.
Le chaos.
Chaque jour, pendant quelques instants, je trouve dans le joyeux chaos des mots et des mondes qu’ils échafaudent un refuge contre l’autre — le terrifiant et indomptable chaos des hommes.
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