Au revoir Kobo, bonjour Kobo!

Kobo a sorti une gamme de nouveaux produits avant les Fêtes. J’étais particulièrement intéressée par la Kobo Glo. Il y a quelques semaines, je suis allée jouer avec cette nouvelle liseuse en magasin. Elle m’a plu et, la semaine dernière, je l’ai finalement achetée.

J’ai retrouvé dans cette nouvelle Kobo toutes les qualités qui m’ont fait aimer le modèle Touch. L’écran de la Glo offre cependant une réactivité supérieure et un éclairage intégré qui permet de lire partout, à n’importe quelle heure. C’est bien pratique dans l’autobus le soir, d’autant que le soleil se couche de bonne heure dans notre hémisphère à ce temps-ci de l’année.

Petit constat sur le changement de liseuse. Pour les livres achetés dans la boutique Kobo, le « bureau » Kobo (Kobo Desktop) les transfère automatiquement sur votre nouvelle liseuse dès que vous branchez celle-ci à votre ordinateur. Si vous avez annoté ces livres, vos annotations suivront.

Pour les livres téléchargés d’autres sources, gérés par le logiciel Adobe Digital Editions (ADE), il faut intervenir. C’est-à-dire qu’il faut lancer ADE sur votre ordinateur, autoriser votre nouvelle liseuse, puis glisser les titres de votre bibliothèque vers la liseuse. L’opération est relativement simple, mais cela se complique si vous tenez à conserver vos annotations. J’ai déduit comment faire d’après des conseils donnés sur le site ebooksgratuits.com pour Androïd. Il m’a fallu deux essais, mais j’y suis arrivée.

Voici comment procéder pour transférer manuellement les annotations des livres pris en charge par ADE :

  • Branchez votre vieille liseuse. Avec l’explorateur Windows, repérez-y le répertoire Digital Editions. Ce répertoire devrait contenir un sous-répertoire appelé Annotations.
  • Copiez temporairement le contenu du sous-répertoire Annotations (une série de fichiers portant l’extension « epub ») sur votre ordinateur.
  • Branchez maintenant votre nouvelle liseuse, puis recopiez les fichiers d’annotations au même endroit que précédemment (remarque : si le sous-répertoire Annotations renferme lui-même un sous-répertoire appelé Digital Editions, c’est là qu’il faut recopier vos fichiers d’annotations).

De cette façon, j’ai pu retrouver toutes mes annotations.

Kobo continue d’améliorer le logiciel de ses liseuses, alors on peut souhaiter qu’un jour tombe le mur qui oblige à gérer séparément les livres provenant de la boutique Kobo et les autres — ou, à tout le moins, que cette gestion soit simplifiée.

Une des améliorations les plus récentes apportées au logiciel concerne les renvois. Le manuel ne le signale pas, mais, dans un livre en format ePub, il suffit de tapoter (c.-à-d., taper deux fois) sur le chiffre du renvoi pour y avoir accès. Sur le modèle Touch, le délai d’accès est important, mais sur la Glo, ce délai a été nettement raccourci — autre exemple de la réactivité améliorée.

La liberté dans la lecture

Où lisez-vous? Moi, je lis dans les salles d’attente, dans l’autobus ou le train, dans les cafés; rarement à la maison (sauf l’été, quand il fait chaud et que je cherche refuge à l’ombre des vieux peupliers dans ma cour). Bref, je veux des lectures portatives, mais je les veux aussi confortables. Ma lecture du moment fait environ neuf cents pages (Les frères Karamazov, de Dostoïevski) : j’ose à peine imaginer l’épaisseur qu’aurait le livre imprimé, ou la petitesse des caractères. C’est toutefois sur ma très légère et inencombrante liseuse que je lis en gros caractères le dernier Dostoïevski, le livre que l’auteur considérait comme « son œuvre la plus aboutie ».

De fait, je suis devenue plutôt rébarbative à la lecture sur papier. Ma question au libraire au moment d’un récent achat en librairie (un livre de la collection Folio) : « Il n’existerait pas une autre édition? Cette fonte est difficile à lire et la marge, bien trop large. » J’ose à peine imaginer ce qui a dû lui passer par la tête…

Je n’ai rien contre celles et ceux qui restent fidèles au papier (je continue de préférer moi-même le papier pour les beaux livres par exemple). Peu importe sur quel support on lit. Avant le codex (le livre relié), il y a eu le volumen (rouleau);  et avant, les tablettes d’argile. Chaque changement de support, loin de représenter une menace pour l’écriture et la lecture, a contribué à leur explosion et à leur renouvellement. Je ne comprends donc pas l’entêtement d’un géant littéraire comme Milan Kundera, opposé au numérique au point d’inclure dans ses contrats d’édition une clause stipulant que ses œuvres ne peuvent être publiées que sous la forme traditionnelle, comme le rapportait La république des livres :

[…] il me semble que le temps qui, impitoyablement, poursuit sa marche, commence à mettre les livres en danger. […] Voici une image qui, de nos jours, est tout à fait banale : des gens marchent dans la rue, ils ne voient plus leur vis à vis, ils ne voient même plus les maisons autour d’eux, des fils leur pendent de l’oreille, ils gesticulent, ils crient, ils ne regardent personne et personne ne les regarde. Et je me demande : liront-ils encore des livres? c’est possible, mais pour combien de temps encore?

Combien de générations passeront à côté de ce grand auteur à cause de son inexistence numérique? (L’insoutenable légèreté de l’être est un des rares livres que j’ai relu et que je relirai sans doute.)

Bien sûr, Kundera n’a pas tort de s’interroger sur les effets de notre technologie. Il faut s’interroger. D’ailleurs, sur Twitter ou dans la blogosphère, il se passe rarement une semaine, il me semble, sans que quelqu’un aborde sous un angle ou un autre cette question de notre rapport aux nouveaux médias. Nous sommes en période de transition, d’apprentissage. Nous expérimentons encore comment marier la liberté nouvelle qu’offre la technologie avec notre humanité et les impératifs du vivre-ensemble. Le regain d’intérêt pour l’étiquette n’est pas étranger à tout cela.(1)

La liberté, c’est d’ailleurs l’explication que David Desjardins a donnée à sa fille de six ans quand elle lui a demandé pourquoi apprendre à lire.

En sachant lire, tu pourras savoir si on te ment. Tu pourras vérifier par toi-même.

Pour conclure ce billet, je vous propose quelques liens pour voir de belles photos de gens en train de lire :

http://undergroundnewyorkpubliclibrary.com/
http://awesomepeoplereading.tumblr.com/
http://www.flickr.com/groups/reading/

1. Dans Le tour du Monde de la politesse, paru plus tôt cette année chez Denoël, Didier Pourquery constate justement que « au fur et à mesure que dans notre société les incivilités se multiplient, la curiosité pour le savoir-vivre et la politesse fait son grand retour. On édite à nouveau des manuels de savoir-vivre […] ».

Image ci-dessus : Femme lisant, National Media Museum, vers 1890, via Flickr.

Voir aussi :
Pourquoi lire? et L’ancien et le nouveau.

Mots et technos : pistes de réflexion

Le numérique soulève des questions épineuses pour le droit d’auteur. Des réflexions se sont amorcées outre-Atlantique (notamment ici et ). Elles finiront forcément par avoir des échos en terre nord-américaine. Pour l’instant, la discussion tourne chez nous autour de la réglementation du prix des livres.

Catherine Voyer-Léger et Olivier Robillard-Laveaux dans une récente entrevue ont discuté du phénomène des blogues culturels, ainsi que de ses répercussions sur la valeur accordée au travail des journalistes. Certes, il faut se réjouir de la multiplicité des points de vue, mais il faut aussi prendre garde de sombrer dans un âge de l’amateurisme.

La force des médias sociaux — dont les blogues — réside pour moi tout particulièrement dans leur capacité à faciliter le maillage entre les créatrices et créateurs de différents milieux. Récemment, j’ai aussi réfléchi à la manière dont Internet et d’autres technologies peuvent aider une écrivaine à se rapprocher de son lectorat. Par exemple, j’ai découvert que des clubs de lecture invitent maintenant autrices et auteurs à prendre part à leurs discussions au moyen de Skype. Fascinant, non?

Ma Kobo et moi, encore…

J’ai fait le plein de classiques pour ma liseuse dans la Bibliothèque électronique du Québec, un site géré par Jean-Yves Dupuis. La bibliothèque s’est bien enrichie depuis ma dernière visite, qui remontait à quelques années. Une bonne partie de la collection est même disponible en format ePub à présent.

Si vous êtes à la recherche d’un classique en langue française, c’est une adresse à retenir. C’est là finalement que j’ai trouvé les Contes de la mère l’Oye, que j’avais d’abord essayé de télécharger du site Kobo.

J’adore ma liseuse Kobo Touch, je la trimballe partout. Toutefois, la cyberlibrairie Kobo me déçoit de plus en plus. Par exemple, il est impossible de raffiner la recherche pour afficher seulement les livres d’une autrice ou d’un auteur particulier. Les livres gratuits que j’ai téléchargés en français comportaient de surcroît des erreurs d’affichage. Mon conseil aux francophones bouquinovores : téléchargez vos livrels ailleurs! Où, vous demandez-vous?

J’ai parlé précédemment du site Rue des libraires et de la bibliothèque du projet Gutenberg. Des éditeurs ont leur propre cyberboutique où ils proposent la version numérique de leurs livres (p. ex., L’Interligne), tandis que d’autres se consacrent exclusivement à l’édition numérique (p. ex., Publie.net). De temps à autre, je visite aussi la librairie Immatériel, dont le vaste catalogue comprend des écrits universitaires, des classiques et des œuvres contemporaines (un certain nombre sont gratuits).

Et vous, connaissez-vous d’autres bonnes adresses où télécharger des livrels?

Je lis

Je n’écris pas ces jours-ci. Alors, je lis.

Le saviez-vous, Rue des libraires — le portail des librairies indépendantes du Québec — vend aussi des livrels? L’interface du site est d’ailleurs la plus élégante et la plus conviviale que j’aie vue jusqu’à présent.

Le réseau des librairies indépendantes du Québec a lancé ce mois-ci une webémission consacrée à la littérature, qu’anime Elsa Pépin : Rature et lit.  Pour la première, l’animatrice reçoit les cinq finalistes du Prix des libraires 2012. J’ai trouvé le début plutôt soporifique, mais la discussion s’est animée quand elle s’est tournée vers le livre de Karoline Georges, Sous béton. La formule a du potentiel.

Dimanche, dans le train, j’ai terminé la lecture d’À toi, de Kim Thuy et Pascal Janovjak. Ce livre rassemble la correspondance que l’écrivaine et l’écrivain ont échangée sur une période de trois mois. Ils y parlent de leur vécu de déracinés, de l’écriture,  de leur vision de l’amour, du monde, etc. Ce n’est pas Ru, mais il y a quand même de beaux passages dans ce petit livre :

[…] on n’a jamais que la beauté que l’on mérite — celle du regard que l’on porte sur les choses.

J’ai entamé aussitôt Maleficium, de Martine Desjardins, un inclassable au parfum d’interdit. Elsa Pépin, justement, écrivait à son sujet dans La Presse que ce livre, « présenté comme le traité hérétique d’un certain abbé Savoie (1877-1913),  recèle d’étranges histoires d’horreur aussi excitantes que malaisées. » « Jamais le péché ne vous aura semblé aussi irrésistible », conclut l’éditeur en quatrième couverture. C’est juste. La langue de Desjardins, d’une précision et d’une élégance rares, est aussi irrésistible.

Ma prochaine lecture sera sans doute, le tome 2 des Chroniques du Nouvel-Ontario, dont la version ePub est enfin en ligne (plusieurs semaines après la version imprimée et la version PDF). On peut en lire un extrait et acheter la version imprimée sur À vos livres, le site du Regroupement des éditeurs canadiens-français; toutefois, pour la version numérique, il faut se tourner vers Rue des libraires, Archambault ou Renaud-Bray. Étrange, mais c’est comme ça. Enfin, j’ai bien hâte de le lire, ce second volet des chroniques d’Hélène Brodeur — un classique de la littérature franco-ontarienne.

Pourquoi lire?

Beaucoup s’inquiètent pour l’avenir de la lecture à l’heure où l’imprimé perd du terrain et où les interruptions et distractions se multiplient. Pourtant, on a plus que jamais de bonnes raisons de lire. En effet, la recherche démontre que la lecture développe l’empathie (http://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/critiques/la-lecture-besoin-humain-qui-excite-les-neurones-et-l-empathie-30901.htm). Elle aide aussi à comprendre la complexité du monde (http://www.ledevoir.com/culture/livres/340187/echapper-au-reel-pour-le-comprendre).

Quant au numérique, il pourrait apporter des solutions intéressantes pour les personnes dyslexiques ou aux prises avec d’autres difficultés d’apprentissage (http://laregledujeu.org/2012/01/12/8488/vers-une-mort-programmee-du-livre/).

Bilans, suites, recommencements

Deux mille douze a encore un parfum de nouveauté. La chatte Leeloo ronronne sur mes cuisses. Je songe à tous les billets écrits au cours de la dernière année, à ceux que j’écrirai au cours des mois à venir. Léon Mazzella surnomme son blogue le « chien », parce que, comme un chien, il exige d’être nourri assidûment.

Au menu de mon blogue, il y a eu de la poésie, des citations, des réflexions sur l’écriture et la langue, quelques envolées sociophilosophiques… Le bilan? Vous avez particulièrement aimé « Ma Kobo et moi [1] », consacré au livrel; toutefois, « Autrice, plaît-il » et « Alchimie » restent parmi vos billets favoris. Ce dernier est aussi l’un de mes préférés, et Marcus McAllister m’a bien inspirée : en 2011, la couleur a côtoyé régulièrement les mots dans les pages de mon journal, où j’ai fait preuve d’une liberté croissante.

Impulser un nouvel élan

Pourquoi sommes-nous tant friandes de bilans et de rétrospectives, y avez-vous déjà songé? Je pense qu’ils peuvent impulser un nouvel élan, voire réveiller comme une gifle les endormies. Le commentaire publié par Mme Bombardier dans Le Devoir du 7 janvier fait, assurément, l’effet d’une gifle. Elle brosse un sombre portrait du présent et de ses « déchaînements haineux qui entraînent les hommes vers la régression, donc vers un nouvel esclavage », mais voit quand même poindre l’espoir :

 En 2012, quelles sont les forces vives de la nation, comme on les désignait jadis? Des jeunes qui échappent aux modes. Des jeunes studieux, affirmés dans leurs convictions, plus ouverts aux autres sans tomber dans le relativisme […] Ce sont aussi les gens qui refusent de vivre en adhérant à une conception simpliste de la politique, des rapports sociaux, qui doutent des vertus des extrémismes […]

Après le réveil, encore faut-il se lever, s’habiller, mettre un pied devant l’autre et, pas à pas, avancer. Il faut donner suite à nos rébellions, à nos idées, à nos rêves et à nos ambitions.

Un moine défricheur au Far West du livrel

Je vous ai souvent parlé du livrel au cours de 2011, et sans doute vous en reparlerai-je en 2012. On ne peut pas écrire aujourd’hui sans s’interroger sur le livrel et son impact sur notre façon de lire. François Bon résume bien :

[…] le numérique a été d’abord un exil ou un contre-territoire, il en est maintenant le territoire même, non par compensation ou revanche, mais simplement parce que tous les usages, musique, sciences, image, la presse même, se sont établies [sic] sur ce territoire.

Par son travail de publication et de transposition, M. Bon fait figure de moine défricheur dans le Far West du livrel. Il vient de publier sur Le Tiers livre un article touffu, mais ô combien intéressant, dans lequel il tente une définition du livre numérique. Je partage son point de vue :

[…] une fois que ces bêtes-là [les liseuses] sont dans votre environnement, vous avez du mal à revenir en arrière vers le papier.

Pour le lectorat francophone, l’offre limitée reste cependant une source de frustration, d’autant que ce qui est disponible en France ne l’est pas forcément de ce côté de l’Atlantique (et il est impossible de télécharger sur le site de la Fnac quand on habite au Canada). Les luttes des minorités linguistiques seront-elles à recommencer dans le cyberespace, supposément sans frontières?

Techno, boulot, dodo

Techno

Je continue de trimbaler partout ma liseuse Kobo, que j’aime autant sinon plus qu’au premier jour. La plupart des lacunes que j’ai mentionnées dans mes précédents billets ont été corrigées — au point où je me demande si l’équipe technique de Kobo lit mon blogue! La plus récente mise à jour rend les fonctions de surlignage et d’annotation disponibles dans tous les fichiers ePub, qu’ils viennent ou non de la boutique Kobo (laquelle propose même un palmarès du roman québécois à présent). Décidément, les choses évoluent très vite dans l’univers du livrel!

Boulot

Toute une mystique entoure l’écriture. Marie-Catherine Vichery-Idel affirme à propos des Rimbaud, Verlaine et autres :

Ils ne devenaient pas écrivains, mais étaient des écrivains jusque dans l’oxygène qu’ils respiraient.

Margaret Atwood, dans Nogotiating with the Dead, explore avec une grande lucidité diverses facettes de cette mystique. Elle aborde aussi les aspects plus terre-à-terre du métier. « Les écrivains aussi doivent manger », écrit-elle. Et il faut bien sûr de l’argent pour payer la facture d’épicerie ou de restaurant!

On ne parvient généralement pas du jour au lendemain à vivre de sa plume ou de son clavier. Une carrière d’écrivaine, ça se bâtit. Il y a bien sûr tout le travail de l’écriture à proprement parler, mais pour vendre des livres, il faut se faire connaître (en termes mercatiques, on appelle ça « construire sa marque »). De temps en temps, je balaie donc le cyberespace pour évaluer comment se porte ma « marque ». C’est un boulot rasoir, qui peut toutefois s’avérer fort instructif. J’ai ainsi récemment constaté que plusieurs de mes recensions et critiques étaient citées par des éditeurs (entre autres ici et ici); je les en remercie. J’ai aussi retrouvé la trace de mon ancien blogue, pourtant supprimé : les mots lancés dans la Toile voyagent parfois très loin et ils ne sont pas facilement rattrapés!

Dodo

Les bilingues parmi vous ont sans doute déjà entendu l’expression to go the way of the dodo : « connaître le même sort que le dodo », c’est-à-dire disparaître. En français, on appelle plus souvent « dronte » ce lointain cousin du pigeon.

Mais pourquoi vous parler d’un oiseau disparu de la face du monde vers la fin du XVIIe siècle? Parce qu’au moment où l’on s’apprête à changer les calendriers, nous sommes beaucoup à faire le bilan de l’année écoulée et à formuler des résolutions pour la nouvelle. Dans votre vie, sûrement y a-t-il des choses (des attitudes, des habitudes, etc.) auxquelles vous souhaitez le même sort qu’au dodo. Moi aussi. Et je sais que c’est possible. Je sais qu’il n’en tient qu’à moi. L’histoire de Tererai Trent (vidéo en anglais et article en français) me l’a rappelé.

Image : it.wikipedia.org.

L’ancien et le nouveau

Au hasard de mes butinages internautiques, je suis tombée sur cet entrefilet : « Les prix littéraires, palme d’or du sexisme ». C’est Babelio, un réseau social pour bibliophiles, qui fait le constat. Les prix québécois et canadiens sont exclus de son analyse. Sommes-nous moins sexistes?

Cette année, six des quatorze prix littéraires décernés par le gouverneur général ont honoré des femmes. Le Prix des lecteurs de Radio-Canada, devenu un prix national en 2007, compte plus de lauréates que de lauréats. Le Giller, plus haute reconnaissance littéraire décernée aux œuvres de langue anglaise au Canada, et le Prix Athanase-David, décerné par le gouvernement du Québec, ont été décernés à plus d’hommes que de femmes; toutefois, ils montrent une forte tendance à la parité, surtout depuis le tournant du millénaire.

Cinq livres pour une île déserte

Les utilisatrices et utilisateurs de Babelio sont invités à indiquer dans leur profil quels sont les cinq livres qu’ils voudraient emporter avec eux sur une île déserte. Or, à bien y songer, pourquoi s’obligerait-on à faire aujourd’hui un choix aussi déchirant? Il suffit d’une liseuse et d’un chargeur solaire pour pouvoir emporter avec soi un millier de livres sans surcharger son baluchon.

Je prépare en ce moment ma chronique printanière pour À bon verre, bonne table. Un des titres que j’ai retenus est disponible en version numérique (format ePub), et j’ai demandé à le recevoir sous cette forme plutôt que sur le traditionnel papier. Une première, selon l’attachée de presse. Une première pour moi aussi à vrai dire! Puisque la liseuse Kobo permet de surligner et, depuis peu, d’annoter*, la préparation de ma chronique devrait s’en trouver simplifiée.

Querelle d’anciens et de modernes

Je possède un téléviseur et je suis abonnée au câble. Pour certaines personnes que je fréquente, cela tient du sacrilège. Mais après une journée de révision (mon métier alimentaire), mes neurones surchauffés apprécient une petite récréation télévisuelle.

Samedi matin, j’ai reçu la visite d’un technicien de la compagnie de câble, dépêché chez moi pour diagnostiquer un problème de son sporadique sur certaines chaînes. Le jeune homme est diplômé de littérature anglaise. Je lui ai parlé bouquins et lui ai demandé s’il lisait sur papier ou préférait les livrels. Il a répondu que le numérique était une création abjecte.

Il m’a servi des arguments ressemblant étrangement à ceux de Frédéric Beigbeder, qui qualifie d’apocalypse l’avènement du livre numérique. Une belle querelle d’anciens et de modernes, dans laquelle les modernes ne sont pas toujours ceux qu’on imagine! Comme François Bon, je pense que le changement est irréversible, et j’ai choisi d’y participer plutôt que de le subir. Les autrices et auteurs qui refusent catégoriquement la technologie se coupent d’un lectorat potentiel. Comme le dit M. Bon :

[…] pour les étudiants [et les étudiantes] d’aujourd’hui, le rapport à la langue, mais aussi l’écart, la beauté, le silence, passent forcément par l’ordinateur. Pour les sortir de Facebook, pour les amener à réfléchir, il faut aller là où ils sont.

La FNAC (Fédération nationale d’achats des cadres, une chaîne de magasins française spécialisée dans la distribution de produits culturels) a, de toute évidence, saisi l’enjeu. Elle s’apprête à lancer sa liseuse Kobo et promet un catalogue de 200 000 titres en français. Voilà une excellente nouvelle pour le lectorat numérique francophone.

* Une petite précision s’impose : les fonctions de surlignement et d’annotation ne sont pas disponibles dans tous les fichiers ePub. En fait, jusqu’ici, seuls les livres que j’ai acquis dans la boutique Kobo m’ont permis de surligner ou d’annoter.

Ma Kobo et moi [2]

Lisez-vous en mangeant? Ne trouvez-vous pas frustrant de perdre votre page quand vous avez dû momentanément laisser le livre pour découper quelques bouchées dans vos œufs à la florentine (vos crêpes farcies aux asperges, votre spanakopita ou le spécial du jour)? Ma Kobo reste ouverte là où je la pose.

Une autre caractéristique que j’aime beaucoup : la possibilité de choisir la police et la taille des caractères (une bénédiction pour les yeux vieillissants!).

Beaucoup de classiques peuvent être téléchargés gratuitement. J’ai déjà mentionné le site Livres pour tous. On en trouve aussi sur www.gutenberg.ca. C’est vrai que l’offre de livres contemporains est encore limitée en français, mais elle croît de jour en jour. Sur les dix-huit titres que La Presse mentionnait dans son récent article sur la rentrée littéraire 2011 au Québec, cinq sont disponibles en format numérique (PDF ou ePub) sur le site Web de Renaud-Bray ou d’Archambault en date d’aujourd’hui. Je parie que, l’année prochaine, la majorité le sera. Car les éditeurs sont bien conscients de l’enjeu. À preuve, la petite maison d’édition ottavienne L’Interligne prévoit bientôt offrir ses titres en téléchargement dans sa cyberboutique.

Dans les points négatifs, j’ai déjà mentionné que le dictionnaire intégré de ma liseuse n’est pas encore disponible en français. J’ai d’ailleurs écrit à Kobo à ce sujet. La réponse a tardé à venir (huit jours), mais on m’a confirmé qu’une version française sera bientôt offerte (de même que des versions espagnole, italienne et néerlandaise). La langue du dictionnaire sera liée à celle du livre en cours de lecture, m’a-t-on indiqué.

Autre point négatif : le manque de précision dans la fonction de surlignage. En effet, il me faut parfois plusieurs tentatives avant de positionner exactement là où je le souhaite les marqueurs qui déterminent où commence et où finit le surlignement.

Toutefois, dans l’ensemble, je reste extrêmement satisfaite de ma liseuse Kobo, et je commence à penser que, peut-être, mes rayonnages actuels seront suffisants en fin de compte. Dans un avenir pas si lointain, les livrels deviendront la norme et les livres imprimés, des objets d’art qu’on s’offrira à l’occasion seulement.

Une question continue cependant de m’habiter. Comment la dématérialisation (même partielle) de ma bibliothèque modifiera-t-elle mon rapport aux livres? Je n’en suis pas certaine. J’achète déjà toute ma musique en format numérique depuis quelque temps, mais ça ne m’empêche pas de m’ennuyer des pochettes d’albums, sur lesquelles on trouvait les paroles des chansons, des photos, etc.

François Bon, dans son essai Après le livre parle de l’« épaisseur » du livre.

Le livre imprimé est lié à sa manipulation : ses salissures même ont une histoire, son jaunissement c’est le carbone 14 de sa présence dans votre bibliothèque. […] Qu’il ait subi une pluie ou la plage, une couverture déchirée, la tranche gondolée seront encore pour nous l’écriture dans le livre imprimé – l’histoire même de sa lecture, des prêts, des relectures […] L’espace vertical de l’épaisseur du livre devient donc l’espace vertical de la navigation dans la machine, mais mental et non plus gestuel.

Déjà, les numéros de page ne veulent plus rien dire dans un livrel en format ePub (pas plus que dans un rapport publié sur Internet en format HTML). Qui sait, d’ici peu, on remplacera peut-être la pagination par une numérotation de type biblique, reposant sur chapitres et versets?

Une question continue de m’habiter, disais-je? Plusieurs, en fait. La mutation amorcée est inexorable. Bien maline qui peut prédire comment elle transformera notre culture, comment elle nous transformera. N’est-ce pas excitant?

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