Maternalisme frénétique

J’ai lu l’an dernier l’excellent essai de Lucie JoubertL’envers du landau, qui examine le « maternalisme frénétique » de notre société. Pour illustrer son propos, Mme Joubert cite notamment deux grandes personnalités féminines du Québec, Céline Dion et Julie Snyder, ayant toutes deux affirmé publiquement qu’avoir un enfant était « la plus grande réalisation de leur vie ». Vraiment? Pourquoi une femme accepterait-elle au XXIe siècle d’être réduite à sa fonction génésique? Disons les choses autrement : à moins que Céline ne soit la mère d’un nouveau messie, sa maternité passera à l’oubli, sera balayée comme un détail somme toute assez insignifiant. Sa carrière internationale, voilà sa grande réalisation, celle dont on se souviendra!

Mme Joubert écrit :

Si certains n’osent plus parler du sexe faible par peur de recevoir une taloche, le genre féminin a encore la cote. Et il se trouve que, parmi les attributs de cette féminité, figure toujours la capacité d’enfanter. Mettre un enfant au monde est manifestement, encore de nos jours, une conséquence obligée du fait d’ « être femme ». Refuser d’enfanter apparaît dès lors comme une façon d’être moins femme.

Il y a plusieurs façons de vivre la féminité. Sauf que le fruit de mes entrailles à moi n’a pas sa photo sur la cheminée de la maison paternelle; cette place est réservée à ma nièce : moi, je n’enfante que des livres.

Dans un article paru à l’occasion de la Journée internationale des femmes de 2010, Josée Blanchette insistait que, mère ou non-mère, les femmes sont toujours jugées, et elle offrait ces paroles à Mme Joubert :

Au final, on ne fait jamais le bon choix, on fait un choix et on vit avec. Je vous souhaite du fond du cœur de vous libérer du regard de l’Autre. La libération de la femme passe d’abord par là, il me semble. Mère ou pas.

Oui, il faut se libérer du regard de l’Autre, c’est-à-dire assumer sa différence. Il y a toutefois un prix à payer.

À suivre. Antébillet : Et si… Femme.

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