Cris, résistance et confession

toiles-daraignees

Tout le monde crie haut et fort son opinion, mais qui écoute vraiment?

J’ai envie de silence.

J’ai envie d’éteindre la radio et aussi de décrocher de Facebook, la grande machine à surveiller et endoctriner; me libérer de mes « fers numériques ».

Il nous manque des espaces d’échange et de rencontre vraiment libres en ligne, ou plutôt les moyens pour en créer. Je vois comme un acte résistance le fait de ne posséder aucun appareil arborant la pomme de Jobs, mais, à moins de s’appeler Réjean Ducharme et d’avoir écrit des livres phares comme L’avalée des avalés et L’hiver de force, celui ou celle qui veut écrire aujourd’hui ne peut bouder complètement les médias.

Confession : Je n’ai pas lu L’avalée des avalés ni L’hiver de force. J’ai acheté le premier, mais la typographie fine et serrée me rebute et, après quelques lignes, je finis chaque fois par me dire : « Plus tard ».

Un jour, plus tard viendra.

Pour l’instant, à l’abri des bruits du monde, j’écoute en boucle l’album de Jean-Michel Blais. Tantôt, j’ai soumis un texte aux Prix de la création Radio-Canada. L’écriture de ce bref récit m’a permis d’oublier momentanément le manuscrit pour lequel je n’ai pas encore trouvé le bon éditeur, et la suite que j’ai néanmoins déjà amorcée.

Je pense à une citation de Claudia Marchand relevée quelque part récemment :

[…] si tout le monde est d’accord avec toi, tu n’as rien dit de nouveau.

Illustration : Henry Christopher McCook, American spiders and their spinning work. A natural history of the orbweaving spiders of the United States, with special regard to their industry and habits, 1889 [Internet Archive Book Images]

 

Glanures

La question que je me pose ce matin : investir ou non du temps dans le remaniement d’une nouvelle pour la soumettre à un concours. La nouvelle n’est pas ma spécialité. Un magazine a déjà levé le nez sur celle-ci, du moins sur la version existante. C’est un bref antépisode au roman que j’ai soumis à un éditeur au début de l’été. Je lui vois plein de défauts. J’ai au moins une, voire deux idées pour améliorer le texte. Je n’ai pas grand-chose à perdre, sinon quelques heures et feuilles de papier.

J’ai pourtant plus envie de me replonger dans ces substantifiques essais où je glane des idées pour mon prochain livre.

Je suis en perpétuel glanage. J’ai de volumineux carnets (papier et virtuels) qui regorgent de faits et de citations ayant piqué ma curiosité ou ma conscience, des citations comme celles-ci :

[…] vouloir s’informer sans effort est une illusion qui relève du mythe publicitaire plutôt que de la mobilisation civique.

— Ignatio Ramonet

Dans un texte publié dans les années 1990, M. Ramonet allait jusqu’à parler de « censure démocratique ». Vingt ans plus tard, de nouveaux joueurs participent à la manipulation de l’information.

Facebook manipule bel et bien l’affichage des nouvelles qui apparaissent sur les pages de ses abonnés. La multinationale américaine dispose même, pour le faire, d’une équipe éditoriale composée de vrais humains chargés de mettre de l’avant artificiellement ou de soustraire certains sujets, révèle un document interne obtenu par le quotidien britannique The Guardian […]

— Fabien Deglise

Dans Le Devoir, Antoine Robitaille affirmait carrément que notre société est entrée dans une ère « post-factuelle » dans un récent article consacré à la campagne présidentielle aux États-Unis. Des recherches récentes sur les univers numériques montrent que le problème soulevé par M. Ramonet s’est en fait aggravé.

[…] il y a bel et bien une majorité audible dans les réseaux sociaux qui consacre son temps à éteindre la lumière.

— Fabien Deglise

Où est-ce que je m’informe? Quelle information est-ce que je choisis moi-même de diffuser? Ce sont des choix qui peuvent contribuer à « répandre la lumière ». Comme créatrice, je dispose en outre d’un autre outil pour répandre la lumière : mon art. Comment en userai-je aujourd’hui?

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