Après Massāla

Qui est Massāla? Une femme ordinaire, une messie, une impostrice? La réponse dépend de celui ou celle à qui vous posez la question. Tout le monde s’entend à tout le moins sur un point : elle était mère. Et, bien sûr, elle a aussi donné son nom à la nouvelle ère.

Je lance dans quelques jours mon troisième roman. C’est le premier tome d’une trilogie que j’ai intitulée Après Massāla. Dans ce billet, le premier d’une série de trois*, je vous invite à explorer l’univers de Massāla à travers quelques-uns des mots que j’ai créés ou redéfinis pour camper l’histoire.

Couverture du livre L'Ordre et la Doctrine - Après Massāla, tome 1. On voit un édifice massif surmonté par une coupole blanche au milieu d'un parc verdoyant. Des enfants courent ici et là. Dans le lointain, on distingue de hautes tours.

Les mots de la massalité

vir

nom masculin | Homme de sexe masculin.

En l’an 2021, pour les francophones, le mot «homme» désigne tantôt l’espèce, tantôt les mâles de l’espèce. À cause de cela, les «virs» ont souvent l’illusion de tout contenir, d’être universels; pourtant, ils comptent pour moins de la moitié de l’humanité.

homme

nom neutre | Terme générique qui désigne femmes et virs.

Le mot «homme» est enfin désambiguïsé et pleinement universel. Enri peut donc s’exclamer à propos de la directrice des Fouilles et Acquisition, au Musée panaméricain d’histoire et d’anthropologie: «Quèle homme!» Je reviendrai sur le mot «quèle» dans un autre billet.

massalais

nom masculin | Langue qui est à l’univers massalais ce que le latin était au temps de l’Empire romain.

* Ou quatre ou cinq? Hum… C’est un beau chiffre, cinq, mais… Et puis zut! tant qu’à y être, allons-y pour un autre trois.

Mensonge et création

pinocchio

Certes, au fil des ans, j’ai lu un certain nombre d’ouvrages sur l’écriture et, en particulier, sur la construction de l’édifice littéraire qu’on appelle « roman ». Les conseils les plus éclairants sont souvent d’une simplicité désarmante, comme celui-ci, glané je ne sais plus trop où :

N’hésitez pas à faire mentir vos personnages.

Le mensonge, bien sûr, peut prendre plusieurs formes. Pieux mensonges, exagérations, omissions, etc. Il y a aussi la catégorie très spéciale des mensonges qu’on échafaude pour soi-même, parfois sans en avoir pleinement conscience.

Si une chose ressort des études, c’est que le mensonge est beaucoup plus fréquent que nous aimerions le croire [1]. Si je veux créer des personnages crédibles, je dois donc les faire mentir. La tentation est grande de mettre en scène une héroïne sans faille, ne serait-ce que pour faire contrepoids aux mythomanes qui squattent jour après jour mon fil de nouvelles. Mais une telle héroïne, personne ne s’y identifierait.

Ce qui fait la fraîcheur et la force d’un roman, c’est à la fois une adresse à construire des phrases et une profonde compréhension de l’être humain. Il ne suffit pas d’exceller dans la description (même s’il faut bien pouvoir situer la lectrice ou le lecteur). Il ne suffit pas non plus d’appuyer la narration sur des antécédents à tout casser. Quant au symbolisme, mieux vaut l’enfouir avec les déchets nucléaires. Le moteur d’un bon roman, c’est ce que les gens se font les unes ou les uns aux autres dans leurs accès de rage, de désespoir et de jalousie; leurs actes et leurs trahisons quand ils sont sous l’influence d’émotions toxiques [2].

— Anne Bernays

[1] Nous mentirions de 10 à 200 fois par jour, selon Pamela Meyer, autrice de Liespotting citée dans Psychology Today (23 septembre 2013).
[2] Traduction des propos d’Anne Bernays, tirés de son texte « The Write Lessons » (magazine The Writer, décembre 2016)
Image ci-dessus : Dessin de Charles Folkard, tiré du livre Pinocchio : the tale of a puppet, de Carlo Collodi, paru en 1911 (archive numérique de la bibliothèque publique de New York).

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